40 ans du Cemef - Mot-clé - histoire1976 – 2016 à Sophia Antipolis2018-03-14T16:54:55+00:00Cemefurn:md5:f3c96b411941c94480bdbb589243ed56Dotclear1ère Chaire industrielle du CEMEFurn:md5:d30ed7c437b9cb075cffd78b4d7e51312017-02-16T14:40:00+00:002017-02-16T14:40:00+00:00CemefGros planbioplastiqueshistoirepolymèrespremière<h3>les bioplastiques en tête d’affiche<br /></h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/chaire_bioplastique_visuel222.jpg" alt="chaire_bioplastique_visuel222.jpg" title="chaire_bioplastique_visuel222.jpg, janv. 2017" />
<br />
<strong>A une époque où les plastiques sont présents dans chaque espace de nos vies, aborder leur mise en oeuvre autrement devient un sujet essentiel.</strong> <br />
<br />
<a href="http://www.cemef.mines-paristech.fr/cemef/sections/cemef/annuaire/chercheurs/chercheurs-cemef/tatiana-budtova">Tatiana Budtova</a>, enseignant-chercheur du CEMEF, part à la recherche de mécènes industriels prêts à financer ce projet. Cinq répondent à l’appel. Et la chaire Bioplastiques démarre en 2008. <br /></p>
<p>Voici son histoire…</p> <h4>un constat,</h4>
<p>Les plastiques, surtout à base de polymères synthétiques, font partie de l’univers quotidien. Légers, résistants, isolants, faciles à mettre en œuvre, ils sont utilisés dans des secteurs aussi divers que le bâtiment, l’emballage, l’industrie électrique et électronique, l’électroménager, le jouet, l’automobile.<br />
<br />
La raréfaction des ressources pétrolières et les considérations relatives à la qualité de l’environnement (réchauffement climatique, gestion des déchets) offrent une réelle opportunité aux bioplastiques.<br />
<br />
Ils ont des vrais atouts :</p>
<ul>
<li>ils utilisent des ressources naturelles renouvelables (la biomasse) comme l’amidon ou la cellulose, ou des ressources issus de la fermentation de végétaux ou encore par synthèse bactérienne ;</li>
<li>ils sont souvent biodégradables/compostables</li>
<li>ils minimisent les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère ;</li>
<li>ils offrent un nouveau débouché pour l’agriculture ;</li>
<li>ils bénéficient d’une image très positive dans l’opinion publique.</li>
</ul>
<blockquote><p>Très onéreux il y a 15 ans, les bioplastiques sont en passe de devenir très compétitifs par rapport aux polymères conventionnels. S’ils ne représentent, aujourd’hui, que quelques dixièmes de pour-cent de la production de polymères, ils devraient constituer 20 % de la production à l’horizon 2020-2030, témoignant d’un développement hors norme. Les bioplastiques pourront remplacer les plastiques actuels pour certaines applications et permettre l’émergence de nouvelles. Le CEMEF dispose d’une longue expérience de recherche dans le domaine des polymères biosourcés. Ces premiers travaux de recherche sur les polymères issus de la biomasse remontent à 1978. Ils portaient sur la dissolution de la cellulose et l’extrusion de l’amidon.</p></blockquote>
<h4>un projet, une réalisation<br /></h4>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/chaire_bioplastique_banner.jpg" alt="chaire_bioplastique_banner.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="chaire_bioplastique_banner.jpg, janv. 2017" /><br />
C’est dans ce contexte que la Chaire Industrielle Bioplastiques débute fin 2008, financée à parts égales par MINES ParisTech et les entreprises partenaires, Arkema, L’Oréal, Nestlé, PSA, Schneider Electric, pour une durée de 7 ans. La Chaire s’intéresse aux bioplastiques durables. Elle étudie leurs propriétés d’emploi et leur mise en forme. <br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Chaire_bioplastique_inauguration_paris.jpg" alt="Chaire_bioplastique_inauguration_paris.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Chaire_bioplastique_inauguration_paris.jpg, janv. 2017" />
Inauguration par tous les partenaires de la Chaire Bioplastiques à MINES ParisTech</p>
<blockquote><p>La chaire a pour objectif d’améliorer les connaissances sur les bioplastiques : propriétés physico-chimiques, rhéologiques, thermiques, mécaniques. Elle vise à faire émerger de nouveaux matériaux, procédés, applications.</p></blockquote>
<p><br />
Six projets de thèse, un post-doc et plusieurs stages sont lancés dans le cadre de cette Chaire. Les sujets varient entre le développement et le contrôle de propriétés des bioplastiques à base de mélanges de polymères thermoplastiques biosourcés et composites avec fibres végétales jusqu’à matériaux lignocellulosiques.
<br />
<br /></p>
<p><strong>1. Mélanges bioplastiques.</strong> <br /></p>
<p>Trois thèses concernent les mélanges de polymères « tous biosourcés » ou avec des polymères pétrochimiques. <br />
Mélanger des polymères incompatibles est un moyen d’obtenir par effet de synergie des propriétés qui sont absentes dans les polymères pris individuellement. <br /></p>
<ul>
<li>Un sujet porte sur l’amélioration de propriétés mécaniques d’un des « anciens » polymères de la famille des esters de cellulose, l’acétatobutyrate de cellulose. Le but est de trouver de nouveaux débouchés pour ce type de plastiques cellulosiques, longtemps délaissés au profit des plastiques pétrochimiques. Avec un ajustement fin de la composition du mélange, du contrôle des paramètres de mise en forme et, du coup, de la morphologie finale du mélange, nous sommes passés de matériaux initialement fragiles à un matériau ductile résistant au choc.</li>
<li>Le deuxième sujet traite de l’élaboration et la caractérisation de matériaux multiphasiques à base de Polyhydroxyalkanoates (PHA) et de Polylactide (PLA). Ces nouveaux polyesters issus de la biomasse tiennent une place importante, notamment dans le cadre de la recherche de nouvelles applications ou du remplacement de polymères issus de la pétrochimie. Nous avons mis en évidence le vieillissement des propriétés mécaniques des PLA et le ralentissement de ce vieillissement grâce à la présence d’un deuxième composant dans le mélange.</li>
<li>La troisième thèse est sur des mélanges ternaires de polymères biosourcés. Différentes morphologies complexes peuvent ouvrir la voie à de nouveaux matériaux biosourcés soit pour substituer des polymères d’origine fossile soit pour avoir de nouvelles propriétés et permettre de nouvelles applications. Le but est de comprendre et contrôler leur structuration morphologique et donc leurs propriétés finales.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><strong>2. Composites.</strong> <br /></p>
<p>La majorité des matériaux plastiques composites sont fabriqués avec des fibres de verre pour les renforcer. Pourtant l’intérêt pour les fibres naturelles a grandi de manière considérable depuis quelques années. Ces fibres issues de matières renouvelables sont plus respectueuses de l’environnement et elles sont moins abrasives que les fibres de verre. Elles possèdent de nombreuses qualités : bonnes propriétés mécaniques, thermiques, électriques, acoustiques et d’isolation et une faible densité. Elles sont également facilement accessibles d’où leur prix attractif. Les fibres naturelles présentent également certains inconvénients qui réduisent leur potentiel : une grande variabilité et une tendance à former des agrégats. Le comportement des fibres pendant le compoundage et la mise en forme n’est pas bien maîtrisé ni contrôlé, contrairement aux fibres de verre.<br /></p>
<ul>
<li>Une thèse concerne la compréhension des mécanismes de la casse de fibres naturelles lors de la mise en forme. En utilisant l’outil unique développé au CEMEF, la rhéo-optique contra-rotative, nous avons montré que les fibres naturelles cassent par fatigue après une accumulation de contraintes, contrairement à ce qui est connu pour les fibres de verre. <br /></li>
<li>La deuxième thèse porte sur l’analyse de distribution et l’orientation des fibres dans une pièce injectée. Cette étude a permis de corréler la rhéologie des composites, l’orientation des fibres et les propriétés mécaniques. <br /></li>
<li>Le troisième sujet est sur l’utilisation des algues et leurs déchets (après l’extraction des polysaccharides) dans les composites. Jusqu’à 40% de matière plastique peut être remplacé par les déchets d’algues.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><strong>3. Matériaux lignocellulosiques.</strong> <br /></p>
<p>La lignine, avec plus de 50 millions de tonnes extraites par an, est le second polymère biosourcé sur Terre après la cellulose. La lignine est le « ciment » des fibres végétales qui sont des composites naturels. Les applications de la lignine et de ses dérivés sont actuellement en augmentation principalement dans le domaine des additifs dans les panneaux de bois ou de liège. L’utilisation de la lignine dans les composites de fibres végétales est quant à elle au stade de la recherche. Cette thèse s’inscrit dans la dynamique de valorisation de la lignine dans l’élaboration de nouveaux matériaux durables, comportant une forte teneur en carbone bio-ressourcé.<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/chaire_bioplastiques_students.jpg" title="chaire_bioplastiques_students.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.chaire_bioplastiques_students_m.jpg" alt="chaire_bioplastiques_students.jpg" title="chaire_bioplastiques_students.jpg, janv. 2017" /></a>”<br />
Quelques doctorants de la chaire : Anne, Thibaut, Edwige, François” <a href="http://www.cemef.mines-paristech.fr/sections/recherche/chaire-industrielle/equipe">> Ils parlent de leur projet sur le site du CEMEF</a><br />
<br /></p>
<blockquote><p>Un laboratoire spécifique comprenant des mini-machines a été installé. Les résultats de recherche ont été présentés à des congrès internationaux de haut niveau et sont publiés dans des revues scientifiques (13 articles). Cette recherche est passionnante et elle permet d’avancer sur la compréhension, le développement et l’application des polymères biosourcés. <br /></p></blockquote>
<p><br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/chaire_bioplastiques_poster-students.jpg" title="Poster chaire bioplastiques_2"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.chaire_bioplastiques_poster-students_m.jpg" alt="Poster chaire bioplastiques_2" title="Poster chaire bioplastiques_2, janv. 2017" /></a><br />
<em>Poster présenté lors des journées d’avancement de la chaire Bioplastiques sur le site de Sophia Antipolis le 12 février 2010</em><br />
<br />
<a href="http://www.cemef.mines-paristech.fr/sections/recherche/chaire-industrielle">> Aller sur le site de la chaire Bioplastiques</a><br />
<br /><br />
Deux autres Chaires industrielles ont vu le jour depuis portées par des enseignants-chercheurs du CEMEF : <br /></p>
<ul>
<li><strong><a href="http://chaire-opale.cemef.mines-paristech.fr/">La Chaire ANR SAFRAN OPALE</a></strong> porte sur l’optimisation des propriétés de superalliages à base nickel polycristallins, par le contrôle de la microstructure issue de la mise en forme. Démarrée en 2015, elle est pilotée par Nathalie Bozzolo.<br /></li>
<li><strong><a href="http://chaire-digimu.cemef.mines-paristech.fr/">La Chaire ANR DIGIMU</a></strong> s’intéresse au “Développement d’un cadre Innovant et Global pour la modélIsation des évolutions de MicrostrUctures intervenant lors des procédés de mise en forme des métaux”. Dirigée par Marc Bernacki, elle a commencé en 2016.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>Portrait de Directeur : Yvan Chastelurn:md5:51e9af42ef6d2dcb202d2ce91e4716032017-01-30T10:07:00+00:002017-01-30T10:07:00+00:00CemefGros planbiohistoireinterview<h3>intelligence collective avant tout</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Yvan_cloud11.png" alt="Yvan_cloud11.png" title="Yvan_cloud11.png, janv. 2017" /><br />
<br />
<strong>Yvan Chastel prendra la succession de Jean-Loup Chenot à la tête du CEMEF en 2008.</strong><br />
<br /><strong>Arrivé au CEMEF en tant que post-doc après une thèse réalisée aux Etats-Unis, il se reconnaît dans la culture CEMEF, la prise prend. Il devient tour à tour chercheur puis responsable du groupe de recherche <em>Métallurgie Structure Rhéologie</em>, connu sous son acronyme MSR. Avant de postuler au poste de Directeur du Centre qu’il sera jusqu’en 2011.</strong></p> <p>Passage éclair (3 ans) comparé aux trente ans de direction de Jean-Loup Chenot. Yvan Chastel a la “fibre industrielle”. Quand le groupe Renault le contactera lui proposant le pilotage du Département “Materials Engineering”, il ne pourra refuser, malgré son attachement fort au centre.<br />
<br />
Voici sa vision du CEMEF :<br />
<br />
<strong>40 ans</strong> : l’âge mûr pour ce Centre, voulu par l’Ecole des Mines de Paris pour former des ingénieurs de haut niveau pour l’industrie, via l’exploration de problématiques de mise en forme des matériaux. Choix judicieux à n’en pas douter.
Mais le succès du centre réside dans la transformation de cette mission originelle par les équipes dirigeantes et les enseignants-chercheurs, en la création d’une communauté permettant l’expression d’une intelligence collective. Ce terme, assez galvaudé, n’en est pour autant pas moins vrai, selon moi, quand on décrit la dynamique qui a permis l’émergence du centre comme une référence internationale, un centre d’excellence dans son domaine. <br /></p>
<p>A l’aventure scientifique de la première décennie ont succédé des années de concrétisation de cet esprit. <br />
<br />
J’ai rejoint le CEMEF en 1993, alors que les outils de capitalisation informatique et les nouvelles méthodes d’investigation commençaient à atteindre une réalité industrielle. Je venais des US, où j’avais été « reformaté » au contact de chercheurs de spécialités différentes. Je retrouvais au CEMEF un environnement similaire, avec une cohabitation multidisciplinaire, propice à faire émerger des nouveautés. <br /></p>
<blockquote><p>Son slogan frappait comme une évidence : « Il n’y a pas de matériau sans mise en forme ». <br /></p></blockquote>
<p><br />
Coup de foudre donc, et passion, toujours renouvelée, qui se transforma en sources riches d’inspiration, en synergie avec mes collègues et étudiants. <br />
<br />
L’éco-système CEMEF me tient tout particulièrement à cœur, et je me suis attaché à y contribuer, à le perpétuer et à le développer, de post-doc jusqu’à Directeur : <strong>cette intelligence collective</strong> induite par le fonctionnement du Centre depuis sa création, et maintenue tout au long de sa croissance, y compris dans des contextes parfois difficiles. Elle s’exerce naturellement lors de la construction créative de projets, qui ne naissent en fait pas ex nihilo, mais résultent de confrontations et d’écoutes bienveillantes, d’idées partagées, d’esquisses thématiques, de comités industriels d’orientation ou de petits comités stratégiques, de séminaires, de soutenances diverses et variées.
Ces projets représentent des livrables essentiels et structurants du CEMEF. Ils ont eu comme noms, pour moi, PAMELA, SAFEMETAL, TESTIFY, DIGIMAT, WOODOO, VIF, TOTEM. Et on peut y associer tous les sujets de thèses ou de mastères. Chaque enseignant-chercheur du CEMEF collectionne ainsi ses trophées, conquis par nécessité du fait du fonctionnement Ecole-Armines. Les chaires en sont une expression nouvelle. Leurs porteurs peuvent en tirer fierté, sérénité, une identité de marque certaine, reconnaissance, et prospérité. Ces projets s’avèrent également le gage d’une évolution naturelle, d’une volonté de ne pas se recroqueviller sur ses thèmes et d’une détermination à en résoudre de nouveaux. <br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Yvan_JLC_2008.jpg" alt="Yvan_JLC_2008.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Yvan_JLC_2008.jpg, janv. 2017" /><em>Cérémonie du passage de relais entre Jean-Loup et Yvan</em><br /></p>
<blockquote><p>J’ai appris le discours rassurant et réaliste de notre chef Jean-Loup : 10 tentatives seront parfois nécessaires pour voir notre projet aboutir. Persévérance donc, courage, audace, mais aussi démonstration de leadership ! <br /></p></blockquote>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.yvan_id1_s.jpg" alt="yvan_id1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="yvan_id1.jpg, janv. 2017" />
Les journées pour fêter l’aube de cette 5ème décennie ont permis de rappeler cet héritage, et à ma grande joie, ont montré à quel point le CEMEF a pu essaimer, formant ainsi un réseau d’acteurs-clefs pour les métiers nouveaux et futurs et les défis industriels. <br /></p>
<p>L’intelligence collective naturelle au CEMEF, et ce réseau constituent de vraies forces, qui pourront, j’en suis certain, lui assurer un avenir radieux.<br /></p>
<p>Yvan CHASTEL, Décembre 2016</p>Le montage de projets de recherche collaboratifs, souvent, une montagne à gravir !urn:md5:db07e9f156b5d885a96957a5cd4062ec2017-01-11T11:21:00+00:002017-01-11T11:21:00+00:00CemefGros planassociationhistoirepolysaccharidesréalisation<h4>it’s a long way to the top !<br /></h4>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_visuel.jpg" alt="epnoe_visuel.jpg" title="epnoe_visuel.jpg, août 2016" /><br />
<br />
<strong>Le réseau d’excellence européen sur les polysacharides “EPNOE” est une réussite, C’est aujourd’hui une évidence, comme ces choses si bien intégrées qu’elles semblent avoir poussé toutes seules un jour. Ce n’a pas été le cas d’EPNOE. Passer de l’idée à la mise en place d’un réseau fut une épopée.</strong><br /></p>
<p><strong>Défi relevé par Patrick Navard, il raconte son aventure.</strong><br /></p> <h4>créer un réseau européen sur les polysaccharides</h4>
<p>Le réseau EPNOE, European Polysaccharide Network of Excellence, est une création du CEMEF.</p>
<p>Les polysaccharides sont des polymères à base de sucre. Les plus connus sont la cellulose, qui sert de polymère de support pour les plantes, l’amidon qui est une molécule de réserve énergétique et la chitine qui forme les carapaces d’animaux, en particulier marins. Les activités autour de ces polymères biosourcés au CEMEF sont anciennes (<em>Cf. P. Navard , J.M. Haudin. Rheology of mesomorphic solutions of cellulose, British Polymer Journal, 12, 174-178 (1980) ; P. Colonna, J.-P. Melcion, B. Vergnes, C. Mercier. Flow, mixing and residence time distribution of maize starch in a twin-screw extruder with an horizontally split barrel, J. Cereal Sci., 1, 115 (1983)</em>).</p>
<p>Jusque vers les années 2000, les activités du CEMEF sont restées assez discrètes, toujours autour de l’amidon (extrusion) et de la cellulose (rhéologie des solutions, filage). Mais ces polymères voient un essor relativement soudain, lié à une prise de conscience « écolo » de certaines populations, un bon marketing « bio » de la part d’entreprises et un réel potentiel de ces polymères pour créer de nouveaux matériaux. La recherche commence à décoller.</p>
<p>A cette époque, la Commission Européenne tente d’impulser une idée en apparence séduisante : rassembler dans un seul réseau des laboratoires travaillant sur un même sujet afin qu’ils forment un ensemble avec une taille critique au niveau mondial.</p>
<p>En 2002, un appel à manifestation d’intérêt est lancé. Plusieurs industriels européens travaillant dans la cellulose réunissent une dizaine de laboratoires, dont le CEMEF, afin de proposer un réseau sur le sujet.</p>
<blockquote><p>La rumeur est que plus de 10 000 manifestations d’intérêt seront déposées (ce qui sera vrai), et que seulement quelques centaines de réseaux seront in fine financés (ce qui sera aussi vrai).</p></blockquote>
<p>Aucun des laboratoires légitimes sur les polysaccharides ne veut prendre le risque de perdre des mois de travail pour un résultat aussi incertain. Je ne laisse pas passer cette opportunité et bien que n’ayant que des activités très ponctuelles dans le domaine, je coordonne un document de quelques page sur la cellulose appelé Cellnet. Le résultat : le sujet est trop étroit.</p>
<blockquote><p>Il faut bâtir un réseau sur les polysaccharides.</p></blockquote>
<p>Cela devient alors très compliqué politiquement, avec une pression très forte des allemands. Je passe près de six mois à négocier avec mes collègues, que pour la plupart je ne connais pas, afin que le nombre de partenaires reste en dessous de quinze et à coordonner l’écriture de la réponse à l’appel à projets des réseaux d’excellence. Des réunions sont organisées en Allemagne, aux Pays-Bas et en Finlande pour organiser ce réseau, qui s’appelle « Polysaccharides » et comprend finalement seize universités ou organismes de recherche de neuf pays.</p>
<blockquote><p>Plus de mille dossiers sont déposés en 2003. Polysaccharides est classé premier dans la première phase et deuxième dans la seconde phase du processus de sélection dans son domaine. Le pari semble gagné.</p></blockquote>
<p>Mais c’est sans compter avec les délires de la Commission Européenne, qui voit dans ces réseaux des entités extra-universités capables de défragmenter un domaine de recherche considéré comme stratégique. La négociation durera un an et demi, avec menaces et chantages. Mais le groupe tient bon et nous avons les idées très claires sur comment un tel réseau doit fonctionner. Je ne résiste pas à vous donner un exemple de ce qui nous était demandé : <br /></p>
<p>Afin de souder de façon définitive les équipes et qu’elles n’aient pas l’idée, une fois l’aide de la Commission Européenne terminée, de se disperser, les équipements devaient être mis en commun. <br /></p>
<p>Par exemple, il nous est demandé de regrouper tous les rhéomètres des seize équipes à l’université de Graz en Autriche. Outre le fait que c’est impossible juridiquement et que cela suppose que ces rhéomètres ne servent que pour les polysaccharides, se posait le problème de faire les mesures !!! <br /></p>
<p>Réponse de mon interlocuteur bruxellois : on fait bien des opérations chirurgicales à distance. Donc équipez vos rhéomètres de robots que vous commanderez de votre bureau de Sophia ou de Berlin !!!!!! C’est difficile à croire mais je vous assure que c’est l’une des multiples suggestions délirantes faites par mes correspondant(e)s de Bruxelles.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_conf2003.jpg" title="epnoe_conf2003.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.epnoe_conf2003_m.jpg" alt="epnoe_conf2003.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="epnoe_conf2003.jpg, déc. 2016" /></a><br />
<em>Première reunion d’EPNOE en 2003 avec dans les rues de Biot les représentants des universités de Wageningen, Jena, Nottingham, Graz, Abo, Vienne, Hambourg, Utrecht, de l’Ecole des mines, des organismes de recherche Fraunhofer, VTT, TITK et des centres de recherche de Łódź et de Iași.</em><br />
<br /></p>
<p><strong>Notre projet est finalement accepté et en 2005</strong>. Une association loi 1901, appelée EPNOE, est créée afin de pérenniser le réseau. EPNOE n’a pas de membres individuels. Seules des entités ayant une existence juridique peuvent en faire partie.</p>
<p>Il faut imaginer les réunions de seize services juridiques dans une même salle où j’explique ce qu’est une association loi 1901 avec des statuts français, pour convaincre les universités d’Abo Akademi - Finlande, Wageningen - Pays-Bas, Maribor - Slovénie et un organisme de recherche dépendant du ministère de l’économie en Pologne d’être vice-présidents et les autres d’être membres ; la présidence étant assurée par Armines. Pour rassurer ses membres, EPNOE n’aura ni activité de recherche, ni personnel.</p>
<p>Depuis 2005, les seize membres fondateurs (VTT, Fraunhofer, deux instituts de recherche, Armines et onze universités) sont actifs, et les quatre vice-présidents toujours à leur poste.<br />
<br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.epnoe_logo_s.png" alt="epnoe_logo.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="epnoe_logo.png, août 2016" /></p>
<p><br /></p>
<h4>les missions d’epnoe</h4>
<p>Ses missions principales :</p>
<ul>
<li>mettre en relation les chercheurs des institutions membres pour monter des collaborations en recherche fondamentale, en lien avec des entreprises</li>
<li>développer l’enseignement en Europe en concevant des modules universitaires communs ou en organisant des cours pour chercheurs</li>
</ul>
<p><br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_conf2015.jpg" title="epnoe_conf2015.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.epnoe_conf2015_m.jpg" alt="epnoe_conf2015.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="epnoe_conf2015.jpg, déc. 2016" /></a><br /></p>
<p>EPNOE a aussi des activités autour :</p>
<ul>
<li>de l’innovation (organisation de réunions de brain-storming, de face-à-face, de récupération d’idées « perdues »),</li>
<li>d’information (bases de données sur les expertises des membres par exemple),</li>
<li>et de dissémination (la newsletter d’EPNOE est envoyée tous les deux mois à un millier d’abonnés, avec une newsletter sud-américaine).</li>
</ul>
<p><br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_conf2013-1.jpg" title="epnoe_conf2013-1.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.epnoe_conf2013-1_m.jpg" alt="epnoe_conf2013-1.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="epnoe_conf2013-1.jpg, août 2016" /></a><br /></p>
<p>EPNOE, c’est</p>
<ul>
<li>la participation de ses membres dans les comités de lecture de la plupart des revues dans le domaines des polysaccharides,</li>
<li>plus de 300 projets collaboratifs pour un budget de plus de 30 millions d’euros,</li>
<li>une centaine de thèses soutenues,</li>
<li>plusieurs colloques internationaux organisés ou co-organisés et trois à quatre réunions internes en Europe par an.</li>
</ul>
<p><br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_conf2013.jpg" alt="epnoe_conf2013.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="epnoe_conf2013.jpg, août 2016" /><br /></p>
<p>Les chercheurs impliqués dans EPNOE traitent de tous les domaines impliquant les polysaccharides :</p>
<ul>
<li>agro-alimentaire, ingénierie, papier, pharmacie et médecine</li>
</ul>
<p>et englobent toutes les disciplines :</p>
<ul>
<li>chimie, enzymologie, biotechnologie, génie chimique, mécanique, science des matériaux, sciences alimentaires, microbiologie, physique et sciences de l’environnement.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<h4>L’évolution d’epnoe</h4>
<p><br /></p>
<blockquote><p>EPNOE a grandi depuis 2005. Il y a maintenant 40 membres institutionnels, comprenant une dizaine d’entreprises. EPNOE n’est financée que par les cotisations de ses membres.</p></blockquote>
<p><br /></p>
<p>C’est une organisation active, ayant tissé des liens étroits avec la société américaine de chimie (la plus grande société savante du monde) avec laquelle est organisé chaque année au moins un colloque commun. Des membres d’EPNOE sont actifs dans les instances dirigeantes de la division Cellulose and Renewable Matérials. EPNOE a des relations structurées avec des organisations dans le monde entier, en particulier au Japon et en Amérique du Sud.
<br />
<br />
La coordination d’EPNOE est assurée depuis sa création par Patrick Navard, assisté de Sylvie Massol. Un des enjeux est d’assurer un management à la fois souple et efficace, non chronophage pour les membres, ce qui implique une préparation très minutieuse des réunions, pour laquelle nous avons mis au point une méthode très efficace. Un deuxième enjeu est de créer « un espace de confiance » entre les membres afin que les relations soient les plus fluides et cordiales possibles. Ceci semble être le cas puisque tous les membres fondateurs sont encore présents.
<br />
<br />
EPNOE a des retombées positives au CEMEF puisqu’il a permis de développer et/ou de consolider plusieurs axes de recherche sur les polymères biosourcés.
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<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/epnoe_conf2015_pn.jpg" alt="epnoe_conf2015_pn.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="epnoe_conf2015_pn.jpg, août 2016" />
<ins>Pour en savoir un peu plus</ins> : Navard, J & Navard, P (2013). Challenges and opportunities in building a multinational, interdisciplinary research and education network on polysaccharides. In P. Navard (Ed), The European Polysaccharide Network of Excellence (EPNOE). Research initiatives and results, Springer-Verlag Wien 2013. DOI 10.1007/978-3-7091-0421-7_1</p>
<p>et le <a href="http://www.epnoe.eu/">site d’EPNOE</a><br />
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<ins>Pour information</ins>, le <strong>2nd International EPNOE Junior Scientists Meeting</strong> est le dernier colloque organisé par EPNOE. Il a eu lieu dans les locaux de MINES ParisTech à Sophia Antipolis les 13 et 14 octobre 2016. Il a accueilli une centaine de jeunes chercheurs travaillant avec des polysaccharides venant de 20 pays différents.<br />
<br /></p>Portrait de Directeur : Jean-Loup Chenoturn:md5:b5173a158c06a2dd3ecff1c40702a9682016-12-12T14:00:00+00:002016-12-14T10:10:03+00:00CemefGros planbiohistoireintervieworigines<h3>croissance, développement, reconnaissance</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/JLC_cloud1.png" alt="JLC_cloud1.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="JLC_cloud1.png, nov. 2016" /><br />
<strong>C’est au tour de <em>Jean-Loup Chenot</em> de parler de son expérience de Directeur du labo. Troisième directeur du CEMEF, il est nommé à ce poste en 1979 et pilotera le centre jusqu’en 2008.</strong> <br />
<strong>Les deux premiers directeurs ont défini de façon originale les thèmes de recherche -<em> la mise en forme des matériaux est un domaine peu représenté en France</em> - et la structure du labo - <em>associer recherche et relation étroite avec l’industrie est peu commun</em>. Ils ont lancé et mis en oeuvre la gageure qu’était la délocalisation sur un site qui n’était pas encore le parc de haute technologie qu’est Sophia Antipolis aujourd’hui.</strong> <br /><br />
<strong>Jean-Loup Chenot hardiment reprend le flambeau. A 31 ans, il se lance dans l’aventure, conscient de l’héritage récent (le centre n’a que 5 ans) et de la mission qui lui revient : perpétuer et développer le modèle en faisant du centre, un laboratoire de référence. Notons parmi bien d’autres l’un des axes essentiels qu’il développera : la simulation numérique.</strong><br /><br /></p> <p>Toujours partant pour lancer de nouveaux projets, monter de nouvelles activités, construire des collaborations… il ne faut pas demander à Jean-Loup de parler de ce qu’il a fait, cela le barbe, une de ses expressions ! Rien à faire, il ne dira pas tout ce qu’il a mis en oeuvre, les réussites (FORGE, ESAFORM… par exemple), les difficultés aussi (les relations industrielles dans les années 80 ne sont pas forcément bien perçues dans le milieu scientifique).</p>
<p><strong>Homme d’action, il aime peu parler de ses réalisations. Il a accepté de livrer ici un retour très condensé sur son expérience. Nous lui en sommes reconnaissants. Voici ce qu’il nous livre :</strong></p>
<blockquote><p>En 1975, lorsque j’ai décidé de rejoindre le CEMEF, après une discussion amicale avec Pierre Avenas son directeur, les recherches qui étaient menées se distinguaient très nettement des travaux universitaires en France, et des développements dans l’industrie.</p></blockquote>
<p>Imaginée par Pierre Baqué et Pierre Avenas, la structure du CEMEF comportait des groupes de recherche scientifique permettant d’analyser les principaux problèmes industriels de la mise en forme des métaux et des polymères : mécaniques, thermiques, physiques et interfaciaux.
La nécessité d’obtenir des contrats de recherche partenariaux, permettait de doubler les ressources financières du laboratoire. La gestion souple de ces budgets par l’association Armines donnait aux chercheurs une large autonomie en terme de recrutement d’étudiants, d’acquisition de matériel scientifique et de participation à des conférences internationales.
Le CEMEF devait déménager à Sophia-Antipolis, alors en démarrage sous l’impulsion de Pierre Laffitte, directeur de l’Ecole des Mines de Paris. Cette perspective ajoutait un attrait particulier au CEMEF, appelé à jouer un rôle de pionnier pour les transfuges parisiens.</p>
<p>A cette époque, le CEMEF comportait moins de 50 personnes, la recherche appliquée n’était pas reconnue en France au plan académique, et les chercheurs du laboratoire n’étaient pas connus à l’étranger où la collaboration avec l’industrie était déjà plus développée, notamment en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne.</p>
<blockquote><p>Il est donc apparu que le CEMEF devait accroitre ses objectifs pour atteindre une masse critique, si possible pour chacun de ses thèmes de recherche, afin d’assurer sa visibilité internationale et devenir incontournable en France.<br /></p></blockquote>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/JLC_pc-simu.jpg" title="JLC_pc-simu.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JLC_pc-simu_s.jpg" alt="JLC_pc-simu.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="JLC_pc-simu.jpg, nov. 2016" /></a>Une autre perspective importante commençait à se dessiner : l’<strong>introduction de la modélisation numérique des procédés</strong>. Avec l’appui de quelques entreprises, en tout premier lieu la Snecma, le CEMEF s’est engagé dans l’aventure numérique dès le début des années 1980, en se focalisant sur la méthode la plus prometteuse : la méthode des éléments finis. L’accroissement exponentiel des performances des calculateurs a largement favorisé le développement de la première version d’un logiciel de simulation du forgeage et les premiers accords avec la société Transvalor, filiale d’Armines, ont permis d’envisager sa commercialisation.
Après la phase de démarrage initiale, les développements ont été poursuivis grave à la créativité et à la réactivité des chercheurs du laboratoire et à la souplesse du système Armines. Le CEMEF a pu ainsi bénéficier de programmes de recherche financés par le Ministère de la Recherche et le CNRS, par le Ministère de l’Industrie, la Commission Européenne, auxquels il faut ajouter les projets coordonnés par le Cetim et les projets directement supportés par les Entreprises.</p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/JLC_simu_Brochure-annees_80.jpg" title="JLC_simu_Brochure-annees_80.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JLC_simu_Brochure-annees_80_m.jpg" alt="JLC_simu_Brochure-annees_80.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="JLC_simu_Brochure-annees_80.jpg, nov. 2016" /></a><br />
D’autres projets de modélisation ont vu le jour au CEMEF, axés sur la simulation des procédés de mise en forme des polymères, puis sur la fonderie, le soudage, la prévision des microstructures, etc. : leur commercialisation est en cours de lancement. <br />
<br /></p>
<blockquote><p>C’est la liaison entre une recherche numérique et physique originale, la coopération avec l’industrie, et la diffusion commerciale au niveau français puis international, qui ont assuré le rayonnement du CEMEF. Cette forme de relation avec l’industrie était originale et il a fallu 20 ans pour l’élaborer et la faire accepter.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Bien évidemment toutes ces avancées scientifiques et tous ces développements reposaient sur des équipes d’encadrants et d’étudiants en thèse ou en mastère dont la motivation et les compétences ont été des facteurs clés. Cet interview me donne l’occasion de les remercier très chaleureusement et de leur souhaiter une carrière pleinement réussie.<br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JLC_s.jpg" alt="JLC.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="JLC.jpg, déc. 2016" /><br />
Aujourd’hui je forme des vœux pour que cette forme de recherche, que j’estime particulièrement gratifiante, poursuive son développement au CEMEF, en apportant aux participants le plaisir de la recherche scientifique, une aide aux entreprises et la satisfaction de générer une activité économique croissante pour une PME.<br />
<br />
29 août 2016<br /></p>Les biomatériaux ont de l'avenir !urn:md5:5b1c2ef6df520c921a76ab1054f4124c2016-11-10T13:24:00+00:002016-12-12T15:12:55+00:00CemefGros planbiomatériauxformationhistoireinnovationmatériauxrecherche<h3>couronnes, inlays, onlays, ça vous parle ?<br /></h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/biomateriaux_visuel2.jpg" alt="biomateriaux_visuel2.jpg" title="biomateriaux_visuel2.jpg, août 2016" /><br />
Pour avoir un beau sourire, il faut souvent un bon chirurgien-dentiste qui utilise les meilleures techniques et les bons matériaux. Mais qui dit matériaux adaptés, compatibles et résistants dit recherche, études et essais.<br /></p>
<p>Si les biomatériaux ont de l’avenir, ils ont aussi un passé. Ce billet retrace l’histoire d’une collaboration longue et fructueuse entre le CEMEF et la chirurgie dentaire. <br /></p> <p>Il est rédigé par Jean-Marc Haudin, acteur principal de l’épopée des biomatériaux dentaires au CEMEF. <br />
<br /></p>
<h4>1973-1976 : la période parisienne<br /></h4>
<p>Début des années 1970, Gilbert Frade, directeur du Laboratoire de Métallurgie de l’École des Mines de Paris donne des cours sur les matériaux à la Faculté de Chirurgie Dentaire de Montrouge (Université Paris V) et y tisse des liens. Trois dentistes, Bernard Beauzon, Pierre Meyer et Emmanuel Pindard, préparent au sein de son laboratoire leur thèse d’exercice (Diplôme d’État de Docteur en Chirurgie Dentaire), qu’ils soutiennent en mars 1973. Jean-Marc Haudin devient chargé de cours et de travaux dirigés sur les « méthodes d’investigation en Physique des Matériaux », dans le cadre du Certificat d’Études Supérieures (CES) de Technologie des Matériaux employés en Art Dentaire. enseignement qu’il donnera jusqu’au départ du CEMEF à Sophia Antipolis en 1976 <br />
<br />
Pendant l’année scolaire 1973-74, année de son service militaire, Jean-Marc Haudin passe de nombreux samedis matins à la Fac de Montrouge en compagnie du Doyen Gérald Burdairon, pour préparer son enseignement et passer en revue les moyens expérimentaux. Ces moments se transforment souvent en discussions et causeries, le Professeur Burdairon étant un remarquable conteur. Il fait également la connaissance de Michel Degrange, jeune assistant à la Fac Dentaire, avec lequel il noue des liens d’amitié (de nombreux dîners conviviaux au domicile familial en témoignent !) et commence des recherches sur la microstructure d’alliages non précieux (nickel-chrome) à usage dentaire. Ses premiers travaux sont effectués « en perruque » pendant son service militaire. Ils se poursuivent au CEMEF, avec l’aide de Michel-Yves Perrin, jusqu’au début des années 1980. <br />
<br />
La collaboration devient compliquée depuis le déménagement à Sophia Antipolis et l’éloignement géographique. Une fois, G. Burdairon et M. Degrange sont descendus à Sophia Antipolis pour travailler sur le microscope à balayage Coates et Welter du CEMEF, qui refusa obstinément de fonctionner. Tant pis, l’équipée se transforme en discussions passionnées au domicile de Jean-Marc. Les travaux sur les alliages sont concrétisés par la soutenance en 1978 de la thèse de 3ème cycle de Michel Degrange, dont voici la dédicace : « <em>Mon cher Jean-Marc, Ce travail m’est d’autant plus cher, qu’il retrace en filigrane l’histoire de notre amitié. C’est grâce à toi qu’il a pu être réalisé, c’est à toi qu’il est dédié</em> ».<br />
<br />
Si les recherches en commun s’arrêtent, les contacts avec les milieux dentaires parisiens ne sont pas rompus. Jean-Marc Haudin devient membre fondateur, <ins>le seul non dentiste</ins>, du Collège Français de Biomatériaux Dentaires (CFBD) et membre du Conseil d’Administration de 1983 à 1987. Il organise, avec l’aide de Bernard Monasse au CEMEF, les Premières Journées du Collège à Sophia Antipolis en mai 1984. Ce succès avec environ 120 participants ouvrit la voie à une longue série de Journées du CFBD (voir plus bas). <br />
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<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/biomateriaux_3id.jpg" alt="biomateriaux_3id.jpg" title="biomateriaux_3id.jpg, août 2016" /><br />
<em>Les Premières Journées du Collège Français de Biomatériaux Dentaires. Jean-Marc Haudin entre le Doyen Exbrayat (Nice), à gauche, et le Doyen Burdairon (Paris V), à droite (Nice Matin 19 mai 1984)</em>
<br />
<br />
Côté enseignement parisien, Jean-Marc assurera la co-responsabilité, avec Bernard Picard, du module Biomatériaux Amorphes et Composites du DEA Biologie et Biomatériaux du Milieu Buccal et Osseux (Universités Paris V et Paris VII), le <ins>seul DEA dentaire alors habilité sur le plan national</ins>, de 1988 à 1992. Après de nombreuses années d’absence, Jean-Marc est retourné à Montrouge en 2008 pour un jury d’HDR. Il y a retrouvé Gérald Burdairon, octogénaire et toujours en verve, Michel Degrange, Bernard Picard… C’était peu de temps avant le décès soudain de Michel, en 2010.<br />
<br /></p>
<h4>à sophia antipolis : l’épopée niçoise<br /></h4>
<p>Une nouvelle ère s’ouvre avec la collaboration du CEMEF et de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Nice. Elle débute modestement en mars 1981 par la participation à un séminaire sur les Matériaux, organisé par le Professeur Joseph (« Jo ») Exbrayat dans le cadre du Certificat d’Études Supérieures de Prothèse Dentaire. Cette première rencontre ne doit rien au hasard mais à la participation de Michel Degrange au séminaire. Des liens amicaux se tissent rapidement entre les deux équipes qui réalisent que quelque chose est à construire en commun dans les domaines de l’enseignement et de la recherche. En décembre 1981, cette collaboration s’officialise par la signature d’une convention entre l’Université de Nice et l’Ecole des Mines de Paris. Cette convention est toujours valable aujourd’hui.<br />
<br />
<strong>Sur le plan de l’enseignement</strong>, dès la rentrée universitaire 1981, les cours du CES de Technologie des Matériaux employés en Art Dentaire sont assurés à Nice, sous la responsabilité de Jo Exbrayat, devenu doyen de la Faculté de Chirurgie Dentaire. Jean-Marc Haudin et Frank Montheillet se chargent de l’enseignement de base du certificat. Une partie de leurs cours est publiée sous forme de livres (2) en 1984 et 1989. L’enseignement évoluera du fait des changements suivants :</p>
<ul>
<li>départ du CEMEF de Frank Montheillet pour l’École des Mines de Saint-Étienne (1985),</li>
<li>Jean-Marc Haudin laisse la main d’une partie des cours à des enseignants-chercheurs de la Fac Dentaire, Marc Bolla et Daniel Serre, formés par le biais de la collaboration,</li>
<li>arrivée dans l’équipe enseignante d’Évelyne Darque-Ceretti, CEMEF, qui apporte ses compétences en science des surfaces et en méthodes d’investigation.</li>
</ul>
<p><br />
Le certificat, appelé CES de Biomatériaux, existe toujours à Nice, sous la responsabilité de Marc Bolla, (qui fut lui aussi doyen de la faculté !). Le CEMEF continue d’y participer, dans la même ambiance amicale. De national, le CES est devenu régional (regroupement avec Marseille). L’enseignement est désormais délivré à distance, ce qui permet d’élargir l’audience à des pays francophones comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire. Depuis le début, plusieurs centaines d’étudiants inscrits à Nice ont été diplômés. Un beau succès !<br />
<br />
<strong>Sur le plan de la recherche</strong>, la convention entre l’Université de Nice et l’École des Mines de Paris prévoit l’accueil au CEMEF de stagiaires de la Fac Dentaire pour la préparation de thèses sur les matériaux. Le domaine retenu sera <em>la mise en forme par fonderie de pièces prothétiques dentaires</em>. Ce programme de recherche vise l’étude de l’influence des paramètres de mise en forme par fonderie sur la structure et les propriétés d’alliages non précieux (nickel-chrome et cobalt-chrome) destinés à la prothèse dentaire. Dans ce cadre, Marc Bolla et Daniel Serre suivront vaillamment au CEMEF l’enseignement du DEA de Métallurgie, qu’ils obtiennent sans problème en 1985. Deux thèses de 3ème cycle (Serge Coletti 1982, Daniel Serre 1984) et deux thèses d’État (Jo Exbrayat 1987, Daniel Serre 1996) seront soutenues. Après cette première génération de travaux, les études sur les matériaux métalliques se poursuivent sous la supervision directe d’enseignants-chercheurs de la Fac, dans la même philosophie avec une ouverture vers le titane :</p>
<ul>
<li>thèse de Georges-André Carayon sur la coulée du titane (1997),</li>
<li>thèse de Valérie Pouysségur sur la coulée sous pression d’un alliage nickel-chrome-molybdène (1997),</li>
<li>thèse de Vincent Bennani sur la microstructure d’un alliage de titane coulé et usiné (2001).<br /></li>
</ul>
<p>Dans tous ces travaux, l’implication des ingénieurs-techniciens du CEMEF fut essentielle : Suzanne Jacomet en microscopies optique et électronique à balayage, Michel-Yves Perrin en microscopie électronique en transmission, et Gilbert Fiorucci pour les essais mécaniques.<br />
<br />
<strong>Sur le plan de la dissémination scientifique</strong>, la collaboration a donné lieu à la participation conjointe aux activités du Collège Français de Biomatériaux Dentaires (CFBD) qui deviendra en 2008 la Société Francophone des Biomatériaux Dentaires avec :</p>
<ul>
<li>des communications aux Journées Scientifiques du Collège,</li>
<li>des articles dans le Journal de Biomatériaux Dentaires, édité par le CFBD de 1985 à 2003.</li>
<li>l’organisation à Sophia Antipolis des Premières Journées du CFBD par Jean-Marc Haudin avec l’aide précieuse de Jo Exbrayat et son équipe. <br /></li>
</ul>
<p>Cette organisation, de même que le démarrage récent du CES à Nice, ont pu générer quelques petites frictions entre « Parisiens » et « Niçois », effacées avec le temps. Jean-Marc Haudin, qui n’avait pas vocation à représenter l’Université de Nice, quitte le conseil d’administration du CFBD en 1987, remplacé par Jo Exbrayat, ce qui simplifia beaucoup les choses. En 1992, Jo Exbrayat organise les 9èmes Journées du Collège à Nice avec Jean-Marc Haudin comme Président du comité scientifique, et Marc Bolla les 25èmes en 2008, avec Jean-Marc Haudin comme Président d’Honneur.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/biomateriaux_microstructure.jpg" title="biomateriaux_microstructure.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.biomateriaux_microstructure_m.jpg" alt="biomateriaux_microstructure.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="biomateriaux_microstructure.jpg, août 2016" /></a>
<em>La période des alliages : microstucture d’un alliage nickel-chrome à usage dentaire</em><br />
<br /></p>
<h4>évolution des thématiques scientifiques</h4>
<p>Dès le milieu des années 1980, se pose la question d’étendre la collaboration à des matériaux autres que métalliques. C’est ainsi fut menée une étude par calorimétrie des cinétiques de réticulation des matrices organiques de composites dentaires, polymérisables par voie chimique ou photopolymérisables en étroite collaboration avec Bernard Monasse. Elle conduira à la thèse de Marc Bolla en 1990, et à son HDR en 1995.</p>
<p>S’est ainsi ouverte la voie de la diversification, avec de nouveaux axes de recherches s’appuyant sur les compétences du CEMEF, et impliquant de nouveaux acteurs :</p>
<ul>
<li>Axe « Mécanique » : une première approche, expérimentale, de la répartition des contraintes autour d’un implant a été menée par photo-élasticimétrie, avec l’aide d’Alain Le Floch (thèse de 3ème cycle d’Alfred Chouraqui, 1990). La première étude numérique a été réalisée en collaboration avec Michel Bellet, dans le cadre de la thèse de Doctorat en Sciences de Xavier Lefèvre (2001). Le but de cette thèse était d’optimiser le comportement mécanique d’une reconstitution corono-radiculaire par la méthode des éléments finis, à partir d’un modèle 3D où couronne prothétique, matériau de reconstitution, tenon radiculaire, matériau de scellement et desmodonte étaient représentés.</li>
</ul>
<ul>
<li>Axe « Surfaces » : les travaux menés sous l’impulsion d’Évelyne Darque-Ceretti ont concerné l’adhésion et l’adhérence, avec application au collage. Ainsi, la thèse de doctorat d’Éric Leforestier, soutenue en 2003, s’intéressait à l’essai de pelage et à son application à l’étude des interfaces adhésif-substrat. Plus récemment, la thèse d’exercice de Leonor Ceretti (2010) traitait de l’adhérence de tenons silanisés en fibres de quartz dans les techniques de reconstitutions corono-radiculaires.<br /></li>
</ul>
<p><br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/biomateriaux_mecanique.jpg" title="biomateriaux_mecanique.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.biomateriaux_mecanique_m.jpg" alt="biomateriaux_mecanique.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="biomateriaux_mecanique.jpg, août 2016" /></a>
<em>Une première approche mécanique : étude de la répartition des contraintes autour d’un implant dentaire, menée par photo-élasticimétrie dans une expérience modèle</em><br />
<br /></p>
<h4>l’ère moderne<br /></h4>
<p>La thématique des Biomatériaux Dentaires a été revivifiée au CEMEF par Yannick Tillier et Pierre-Olivier Bouchard, qui ont relancé l’axe «  Mécanique » et l’approche numérique par la méthode des éléments finis. <br />
<br />
Les travaux menés ont abouti aux thèses de deux médecins stomatologues :</p>
<ul>
<li>la thèse de Guillaume Odin (2008) proposait une modélisation numérique de l’os mandibulaire appliquée à l’implantologie dentaire et maxillo-faciale, permettant de calculer la répartition des contraintes au sein de l’os et au contact des implants, dans le but d’en optimiser le nombre, la forme et la position.</li>
<li>la thèse de Charles Salvoldelli (2013) avait pour objectif de prévoir les modifications de contraintes dans l’articulation temporo-mandibulaire après un protocole de distraction symphysaire mandibulaire (ce traitement chirurgical sert à traiter les encombrements dentaires de la mandibule).</li>
</ul>
<p>Ces travaux ont été menés en collaboration avec la Faculté de Médecine de Nice, et pour chacune d’elles, le Doyen en titre de la Faculté de Chirurgie Dentaire faisait partie du jury!</p>
<p>À la rentrée universitaire 2015-2016, une thèse sur la simulation du retrait de polymérisation dans les composites dentaires a démarré au CEMEF (doctorant : Gerry Agbobada). Cette étude est également une collaboration avec la Faculté de Chirurgie Dentaire de Nice. <br />
<br />
Et dernière nouvelle de juillet 2016 : le projet Toothbox “Boîte à outils expérimentale et numérique pour le développement de composites dentaires plus durables” auquel le CEMEF participe a été accepté par l’ANR, catégorie Projets de Recherche Collaborative. La suite des biomatériaux dentaires au CEMEF s’écrit d’ores et déjà.<br />
<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/biomateriaux_simu.png" title="biomateriaux_simu.png"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.biomateriaux_simu_m.png" alt="biomateriaux_simu.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="biomateriaux_simu.png, août 2016" /></a>
<em>Simulation numérique de la distraction symphysaire mandibulaire (séparation des deux parties de la mandibule(a) et modélisation du cal osseux symphysaire (b)</em><br />
<br />
<br />
La boucle est bouclée et place aux jeunes !!<br /></p>Il était une fois... Thercasturn:md5:8890a569af2a7372164e028352cd7b712016-10-05T15:13:00+01:002016-10-05T15:13:00+01:00CemefGros planfonderiehistoirelogicielmétallurgiemétauxsimulation<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/thercast_disks.jpg" alt="thercast_disks.jpg" title="thercast_disks.jpg, août 2016" />
L’histoire de<strong> Thercast</strong> commence il y a quelque temps déjà… C’est <strong>Michel Bellet</strong> qui nous la raconte.<br /></p> <p><br />
L’histoire débute en 1990. Forge3 connaît ses premiers développements. Jean-Loup Chenot, directeur du CEMEF, envisage une diversification et une application au<strong> domaine de la fonderie</strong>. <br />
<br />
Si on se réfère à la théorie de la solidification, le germe critique est le stage de Frédéric Boitout, encadré par Nathalie Soyris, sur les éléments de contact utilisés dans un solveur thermique multidomaine. Même si ce n’est pas la technologie qui sera développée dans le futur Thercast, cela permet d’obtenir des résultats capables de séduire les premiers financeurs d’une action d’envergure. <br />
<br />
Ce seront Creusot-Loire Industrie, PSA Citroën et le Centre Technique des Industries de la Fonderie qui feront le premier pas, donnant les moyens au laboratoire de lancer la thèse de Jean-Jacques Brioist et le post-doc de François Bay, puis, l’année suivante, la thèse de Mamar Ménaï. <br />
<br />
Dans le même temps, Jean-Loup Chenot confie le projet Thercast à Michel Bellet, jeune chercheur permanent qui vient de prendre en charge le groupe TMP (ThermoMécanique Plasticité). Les premiers développements de la petite équipe ainsi constituée se concentrent donc sur la thermomécanique des procédés de solidification.<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Thercast_figure.jpg" title="Thercast_figure.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Thercast_figure_m.jpg" alt="Thercast_figure.jpg" title="Thercast_figure.jpg, août 2016" /></a>
<em>Une des figures de la première publication sur Thercast : Bellet et al., Metallurgical and Materials Transactions B 27, 1 (1996) 81-99</em><br />
<br />
Deux grands projets financés par le Ministère de l’Industrie et différents partenaires industriels (Ascometal, Aubert et Duval, Creusot-Loire Industrie, CTIF, Erasteel, PSA, Usinor) vont permettre d’accentuer l’effort et d’élargir le spectre des recherches.
Le <strong>“GPI” – Grand Projet Innovant 1994-1999</strong> – et le <strong>projet “OSC”– Optimisation des Systèmes de Coulée 2000-2005</strong> – verront s’enchaîner pas moins de huit thèses. Les nouvelles orientations sont le remplissage des moules, l’application à la coulée continue, et le calcul des macroségrégations.<br />
<br />
Parmi ces travaux, la thèse d’Olivier Jaouen permettra de stabiliser le code et d’augmenter sa robustesse par rapport aux non-linéarités, exacerbées par les conditions spécifiques des procédés de solidification : chocs thermiques, transitions abruptes de lois de comportement (du liquide jusqu’au solide!).
<br /></p>
<blockquote><p>Le défi est constant et passionnant.</p></blockquote>
<p><br />
Avec le lancement des thèses d’Alban Heinrich en 1999, puis de Frédéric Costes en 2000, l’application de Thercast à<strong> la coulée continue</strong> est en marche : <br /></p>
<blockquote><p>un procédé qui permet de couler 95% de la production d’acier et sur lequel très peu d’équipes sont en mesure de raconter quelque chose de pertinent côté thermomécanique…<br /><br />
Un des domaines d’excellence du code est trouvé.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Autre défi, intéressant les fondeurs mais aussi les sidérurgistes coulant des lingots unitaires (eh oui, ça existe encore, même de nos jours!) : <strong>la modélisation du remplissage</strong>, étape cruciale. <br />
<br />
Cela ne nécessitera pas moins de trois thèses dans les deux projets cités plus haut (Laurence Gaston, Chantal Bahloul, Estelle Saez) plus celle de Guillaume François lancée en 2007, pour parvenir, en collaboration avec Thierry Coupez, à une version à base de CimLib intégrable dans le package industriel de Transvalor.<br />
<br />
En ce qui concerne la macroségrégation, les travaux commencent dans le projet OSC avec les thèses de Weitao Liu et Sylvain Gouttebroze, dans le cadre d’une collaboration fructueuse avec l’Ecole des Mines de Nancy, qui perdure aujourd’hui. Cet axe sera renforcé par l’arrivée de Charles-André Gandin, qui rejoint le CEMEF en 2005. Sur la dernière dizaine d’années, plusieurs thèses ont été consacrées à ce thème. En termes d’impact sur le code Thercast, on citera le premier découplage entre la mécanique du solide et la mécanique des fluides par Benjamin Rivaux, le calcul de la structure des grains dans des lingots par Tommy Carozzani, le rôle du transport des grains sur la macroségrégation par Thi-Thuy-My Nguyen et la prédiction des canaux fortement ségrégés par Ali Saad.<br />
<br />
En parallèle à ces travaux, la thermomécanique n’est pas oubliée avec les travaux d’Olivier Cerri et de Takao Koshikawa qui ont permis de doter Thercast de modules destinés à prévoir les défauts de fissuration à chaud.<br />
<br />
Dans les dernières années, Thercast s’est avéré être une base solide pour entamer d’autres recherches : <strong>modélisation du soudage, de la fabrication additive, des interactions entre écoulements et électromagnétisme</strong>… <br />
<br />
Bien que moins diffusé que Forge, c’est le deuxième logiciel industriel vendu par <a href="http://www.transvalor.com/fr/cmspages/thercast.6.html">Transvalor</a>. <br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/thercast_dev-recents.jpg" title="thercast_dev-recents.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.thercast_dev-recents_m.jpg" alt="thercast_dev-recents.jpg" title="thercast_dev-recents.jpg, août 2016" /></a>
<em>Deux figures illustrant des études récentes réalisées avec Thercast : solidification d’un lingot creux et hydrodynamique en coulée continue (documents Transvalor S.A.)</em><br />
<br /></p>
<blockquote><p>Aujourd’hui Thercast est un code très puissant, très complet, avec une excellente dynamique de développement de ses capacités. Il bénéficie de nombreux atouts le différenciant clairement de la concurrence. Le germe est devenu grand, de quoi sera faite l’histoire future de ce cristal?<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
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Lecteur vidéo intégré</object>
<p><br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/thercast_MB_3.jpg" alt="thercast_MB_3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="thercast_MB_3.jpg, août 2016" />
Pourquoi ce nom, Thercast ? En fait il a été choisi très (trop ?) tôt, l’équipe de développeurs se disant “on l’appelle d’abord Thercast, on changera ensuite pour Mecast une fois que la mécanique viendra compléter la thermique.” Et bien sûr, c’est le premier nom qui est resté, indéboulonnable. En un sens, les dégâts ont ainsi été limités, le second nom étant évidemment encore pire que le premier ! <br />
Côté commercial, on a évidemment fait mieux. <br />
<br />
Message aux développeurs de nouveaux logiciels : le premier choix doit être le bon!
<br />
<br /></p>DEA et Doctorat, ça forme !urn:md5:7937fdcf97538cfe6fcc551d48a58af52016-09-15T08:24:00+01:002016-09-15T08:24:00+01:00CemefGros plandoctoratformationhistoire<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_visuel1.jpg" alt="Dea_doctorat_visuel1.jpg" title="Dea_doctorat_visuel1.jpg, août 2016" /><br /></p>
<p>Qu’un centre de recherche dont la vocation est la formation <ins>à la</ins> recherche et <ins>par la</ins> recherche accueille des doctorants pour qu’ils préparent une thèse, c’est normal ! Que l’école à laquelle il appartient puisse délivrer le diplôme de docteur semble logique ! L’histoire montre que les choses ne sont jamais aussi simples qu’il y paraît.<br />
<br />
<strong>Voici le parcours sinueux de la formation doctorale au CEMEF. Ce qui ne l’a pas empêché de superviser des thèses. Depuis 40 ans, c’est près de 480 thèses qui ont été soutenues !</strong><br /></p> <p><br /></p>
<h4>les débuts<br /></h4>
<p>Si vous suivez le blog depuis son lancement, vous avez lu comment le CEMEF est né (billets de <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">Jean-Marc Haudin</a> ou de <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Portrait-de-Directeur-%3A-Pierre-Baqu%C3%A9-initiateur-du-CEMEF">Pierre Baqué</a>). Sinon voici un bref résumé :
Le CEMEF est né de la fusion du groupe Mise en Forme des Métaux (Responsable Pierre Baqué), du groupe Polymères (Responsable Pierre Avenas) et du Laboratoire de Métallurgie de l’Ecole des Mines de Paris. <br />
<br />
Préparer une thèse allait de soi au Laboratoire de Métallurgie. Ce n’était pas le cas pour les équipes de Pierre Baqué et Pierre Avenas. Leur pratique était originale à l’époque par rapport aux équipes universitaires. Elles traitaient des problèmes industriels par le biais de contrats de recherche, rédigeaient des rapports sur leurs travaux et organisaient des séminaires de formation débouchant sur l’écriture de livres (lire les blogs sur les premiers livres parus sur <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/1er-livre">les métaux</a> et sur <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/1er-livre-bis">les polymères</a>), Avec la création du CEMEF, l’idée a fait son chemin et il a été décidé que les chercheurs présenteraient leurs travaux sous la forme d’une thèse de doctorat.<br />
<br />
Au début, l’Ecole des Mines de Paris n’ayant pas l’autorisation de délivrer de doctorat, il a fallu trouver des collègues universitaires qui acceptent d’inscrire nos étudiants dans leur institution en apparaissant comme le directeur de thèse. C’est ainsi que des thèses de Docteur-Ingénieur ont été soutenues entre 1976 et 1979 auprès d’établissements aussi divers que l’Université de Technologie de Compiègne, l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, l’Université de Poitiers, l’Université de Bretagne Occidentale, etc. Solution pratique mais quelque peu inconfortable pour ceux qui encadraient les thésards au CEMEF.<br />
<br />
Puis une solution plus satisfaisante fut de rattacher les doctorants à un cycle doctoral dans lequel intervenait l’ENSMP (Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris). Ainsi nous pouvions délivrer nos propres thèses de Docteur-Ingénieur et avoir accès à un DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies), diplôme préparatoire à la thèse.<br />
<br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_cloud.png" alt="Dea_doctorat_cloud.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Dea_doctorat_cloud.png, août 2016" />
<br /></p>
<h4>histoire du D.E.A.</h4>
<p>A la rentrée 1976, des séminaires internes sur les métaux et les polymères ont été organisés. En cours d’année scolaire 76-77, ils furent transformés en enseignement de DEA auquel de nouveaux cours et la soutenance d’une « microthèse » furent ajoutés. Il devenait ainsi l’option Mise en Forme des Matériaux d’un DEA de l’Université Paris-Sud Orsay, dont le nom a fluctué :</p>
<ul>
<li>Propriétés Mécaniques des Matériaux (de 1976-77 à 1979-80)</li>
<li>Métallurgie Structurale et Matériaux (de 1980-81 à 1982-83)</li>
<li>Métallurgie (1983-84, 1984-85)</li>
<li>Métallurgie Spéciale et Matériaux (1985-86 à 1992-93)</li>
</ul>
<p>le Centre des Matériaux de l’Ecole des Mines servant de relais pour justifier notre rattachement.<br />
<br />
Quand Pierre Avenas a quitté le CEMEF en 1979, la coordination des cours est passée à Jean-Loup Chenot et Frank Montheillet (jusqu’en 1982), puis à Jean-Loup Chenot et François Delamare, et enfin à François Delamare seul. Ce DEA a fonctionné à la satisfaction générale jusqu’en 1992-93. A ses débuts, il accueillait peu d’étudiants (4-7), puis dès 1983, le nombre s’est stabilisé entre 10-13. Le système était assez rigoureux. Sauf cas exceptionnel, les étudiants déjà titulaires d’un DEA étaient obligés de repasser « notre » DEA pour acquérir la « culture CEMEF ». Cela pouvait nous attirer des critiques de collègues universitaires.</p>
<p>Même si le système marchait à la perfection ; l’existence de cette option délocalisée, et en fait autonome ; finit par susciter des interrogations, une autre solution, cette fois locale, devait être trouvée. C’est ainsi que fut monté le DEA Physique et Génie des Matériaux, sous la responsabilité de François Delamare et en collaboration avec l’Université de Nice-Sophia Antipolis (UNSA). Ce DEA a existé de 1993-94 à 2003-04 (fin des DEA), avec une population de 10-15 étudiants par an.</p>
<p>Avec ce nouveau DEA, la pratique change. Alors que l’option du DEA parisien avait été montée spécifiquement pour nos étudiants, ce DEA fut ouvert à des étudiants qui ne feraient pas de thèse au CEMEF. De plus, les doctorants n’étaient plus systématiquement inscrits en DEA. Suivant leur cursus antérieur (détention d’un DEA), ils pouvaient être inscrits :</p>
<ul>
<li>directement en première année de thèse et devaient soutenir un mémoire bibliographique et un mémoire d’avancement de leurs travaux,</li>
<li>soit le plus souvent en année probatoire. Ils devaient alors valider un certain nombre de cours, soutenir un mémoire bibliographique et un mémoire d’avancement des travaux.</li>
</ul>
<p>Signalons également qu’à partir de 2001 l’option Mécanique Numérique du DEA Systèmes dynamiques non linéaires et applications (responsable de l’option : Yves Demay), également co-habilité avec l’UNSA, permettait de répondre aux besoins spécifiques des numériciens.<br />
<br /></p>
<h4>doctorat<br /></h4>
<p><br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_cloud2.png" alt="Dea_doctorat_cloud2.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Dea_doctorat_cloud2.png, août 2016" />
<br />
La première thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENSMP fut soutenue en 1977 et la seconde en 1979, alors que la majorité des thèses se soutenait encore à l’extérieur. A partir de 1980, la thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENMSP devient la règle. Le Doctorat d’Etat nécessite toujours l’inscription auprès d’un établissement extérieur. Mais il concerne essentiellement les cadres du CEMEF, qui étaient généralement astreints à soutenir deux thèses : Docteur-Ingénieur d’abord, Doctorat d’Etat ensuite.</p>
<p>Le doctorat est l’objet d’une réforme profonde en 1984, après laquelle ne subsiste qu’un unique doctorat. L’Ecole des Mines de Paris est autorisée à le décerner - ce qui n’était pas acquis d’avance ! La première « nouvelle thèse » est soutenue au CEMEF en 1985, dans la spécialité « Sciences et Génie des Matériaux ». Cette spécialité sera gérée au niveau du CEMEF par François Delamare jusqu’en 2003, puis par Jean-Marc Haudin de 2003 à 2014.</p>
<p>En 2000, apparaît, sous l’impulsion de Jean-Loup Chenot, la spécialité doctorale « Mécanique Numérique ». Elle sera dirigée de 2003 à 2014 par Thierry Coupez.</p>
<p>En 2014, on assiste à la fusion des deux spécialités « Sciences et Génie des Matériaux » et «Mécanique numérique » en une seule : « Mécanique numérique et Matériaux », sous la responsabilité de François Bay. Tous les nouveaux doctorants du CEMEF sont inscrits dans cette spécialité.</p>
<p>A partir de 2010, le Doctorat est délivré sous le sceau de ParisTech, dans le but d’accroître la visibilité au niveau international. Et depuis le 1er janvier 2016, le diplôme délivré est un doctorat de PSL (Université de recherche Paris Sciences et Lettres) préparé à MINES ParisTech.</p>
<p>Enfin, dernière strate administrative : l’Ecole Doctorale.
En 1992, un arrêté crée les écoles doctorales, dont l’importance va se renforcer au fil des textes réglementaires. Ainsi, selon l’arrêté de 2006 : « <em>Les écoles doctorales organisent la formation des docteurs et les préparent à leur insertion professionnelle. Elles apportent aux doctorants une culture pluridisciplinaire dans le cadre d’un projet scientifique cohérent. Elles concourent à la mise en cohérence et à la visibilité internationale de l’offre de formation doctorale des établissements ainsi qu’à la structuration des sites</em>. ». Les spécialités doctorales de l’Ecole des Mines de Paris devaient donc s’intégrer dans des écoles doctorales (ED). Le CEMEF joua encore la carte locale avec l’Ecole Doctorale Sciences Fondamentales Appliquées, pour laquelle elle fut co-accréditée avec l’Université de Nice Sophia Antipolis. A partir de 2004, l’appartenance à cette ED sera explicitement mentionnée sur la couverture de thèse.<br />
<br /></p>
<h4>quelques mots en guise de conclusion</h4>
<p><br />
Au-delà de toutes les vicissitudes administratives, l’Ecole des Mines de Paris a pu assurer sa mission de formation par la recherche, et valoriser les résultats de ses chercheurs sous la forme de thèses de Doctorat. <br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Au CEMEF depuis sa création, le nombre de thèses soutenues approche 480.</p></blockquote>
<p><br />
<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_couv1.jpg" title="Dea_doctorat_couv1.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Dea_doctorat_couv1_m.jpg" alt="Dea_doctorat_couv1.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Dea_doctorat_couv1.jpg, août 2016" /></a>
<em>Thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENSMP (1982)</em><br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_couv2.jpg" title="Dea_doctorat_couv2.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Dea_doctorat_couv2_m.jpg" alt="Dea_doctorat_couv2.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Dea_doctorat_couv2.jpg, août 2016" /></a>
<em>La première thèse de Doctorat en Sciences et Génie des Matériaux (1985)</em><br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_couv3.jpg" title="Dea_doctorat_couv3.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Dea_doctorat_couv3_m.jpg" alt="Dea_doctorat_couv3.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Dea_doctorat_couv3.jpg, août 2016" /></a>
<em>L’une des dernières thèses de Doctorat en Sciences et Génie des Matériaux (2015) décernée par l’ENSMP sous le sceau de ParisTech, avec mention de l’Ecole Doctorale. Il s’agit d’une thèse préparée à l’Ecole des Mines d’Alès, et « hébergée administrativement » par le CEMEF. Summum de la complexité ? En tout cas la thèse a été soutenue</em><br />
<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Dea_doctorat_couv4.jpg" title="Numerical Modelling of Macrosegregation Formed During Solidifica"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Dea_doctorat_couv4_m.jpg" alt="Numerical Modelling of Macrosegregation Formed During Solidifica" style="display:block; margin:0 auto;" title="Numerical Modelling of Macrosegregation Formed During Solidifica, août 2016" /></a>
<em>Le présent : la thèse PSL préparée à MINES Paris Tech</em><br />
<br /><br />
Billet de blog rédigé par Jean-Marc Haudin</p>Portrait de Directeur : Pierre Avenasurn:md5:409f579c7bf88a6047b9b81ce5ab85fd2016-09-08T12:45:00+01:002016-09-12T07:39:03+01:00CemefGros planbiohistoireintervieworiginesSophia Antipolis<h3>création de l’activité polymère et installation à sophia antipolis</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_wordcloud3.png" alt="P.Avenas_wordcloud3.png" title="P.Avenas_wordcloud3.png, août 2016" /><br />
Le CEMEF est créé en 1974 et Pierre Baqué nommé à sa tête. A son départ pour l’industrie, en mars 1975, c’est Pierre Avenas qui est choisi pour reprendre le flambeau et préparer le déménagement à Sophia Antipolis. <br /></p>
<p>Si Pierre Baqué crée l’activité mise en forme des métaux, Pierre Avenas lancera l’activité polymère de manière tout aussi originale.<br />
<br />
<br /></p>
<p>Voici les début du CEMEF vus par Pierre Avenas.
<br /></p> <h3>de la métropole à la technopole</h3>
<p>L’évocation des débuts du CEMEF me rappelle mes premières rencontres en 1967 avec ceux qui ont été les fondateurs de la recherche à l’École des Mines de Paris : Pierre Laffitte, fondateur et bâtisseur de la recherche de l’École, en particulier à Sophia Antipolis, Pierre-Marie Fourt, qui a défini le concept de « recherche orientée » et a structuré l’axe matériaux de l’Ecole, et Michel Sindzingre, alors directeur du centre des Matériaux de Corbeil. Ce dernier nous avait en une phrase donné une orientation nouvelle : « l’École des Mines a une longue tradition dans la métallurgie, il faut maintenant s’intéresser aussi aux matériaux de synthèse ». Comme vous le savez, ces matériaux, appelés aujourd’hui plus simplement polymères, ont pris depuis un essor considérable, en particulier sous la forme de matières plastiques.
<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_sophia4.jpg" title="P.Avenas_sophia4.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.P.Avenas_sophia4_m.jpg" alt="P.Avenas_sophia4.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Avenas_sophia4.jpg, août 2016" /></a>
<em>L’Ecole des Mines de Paris à Sophia Antipolis en 1977</em>
<br />
<br /></p>
<p>Il s’agissait donc de créer l’activité polymères de l’Ecole des Mines de Paris. Le problème était de la bien situer par rapport aux équipes qui existaient à l’époque en France, tout en recherchant le maximum de synergie avec les autres activités de l’Ecole des Mines. De nombreux contacts industriels (en particulier avec l’industrie chimique française, très morcelée à l’époque, et largement regroupée depuis, principalement chez Total Pétrochimie et Arkema dans le domaine des polymères) et des missions à l’étranger (surtout aux Etats-Unis et en Allemagne) permirent de structurer les idées. A l’Ecole des Mines, les discussions et le soutien amical de Pierre Baqué, qui venait de créer le groupe de mise en forme des métaux, furent une aide précieuse. Le groupe de recherche sur les polymères naquit en 1971.</p>
<p>Quels furent les thèmes retenus ?
Non pas la chimie de polymérisation, thème primordial, mais qui était très largement traitée dans un assez grand nombre de centres de recherche des universités et des grandes écoles existant en France à l’époque. Mais au contraire, <strong>la physique et la mécanique des polymères</strong>, domaines beaucoup moins étudiés à l’époque dans les écoles et les universités, en tout cas beaucoup moins en France qu’en Allemagne et aux Etats-Unis.</p>
<p>La synergie avec les autres activités de l’Ecole conduisit à privilégier deux orientations :</p>
<ul>
<li>La <ins>thermomécanique des procédés de mise en forme des polymères</ins>, qui permettrait de nombreuses analogies entre le laminage des métaux et le calandrage des polymères, l’extrusion des métaux et des polymères, le forgeage des métaux et le moulage des polymères ;</li>
<li>Les<ins> relations mise en forme-structure-propriétés des polymères semi-cristallins</ins>, qui permettraient de nombreuses analogies entre structures cristallographiques des métaux et des polymères, avec des outils d’analyse et d’observation communs.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Une bonne synergie entre les recherches sur les métaux et les polymères avait donc été trouvée, et ceci reste aujourd’hui une originalité et un point fort du CEMEF.</p></blockquote>
<p><br /></p>
<p>Parmi tous les chercheurs qui ont partagé avec moi l’aventure du démarrage des polymères à l’Ecole des Mines, ce dont je les remercie encore aujourd’hui, j’évoquerai mes deux principaux « successeurs » dans le domaine des polymères :</p>
<ul>
<li><strong>Jean-François Agassant</strong>, après un démarrage de pionnier lors de son travail de thèse sur le calandrage du PVC, a su prendre une place de premier plan international dans la recherche industrielle sur les polymères. Notre amicale collaboration s’est poursuivie après mon départ du CEMEF, en particulier à travers un ouvrage qui évolue au fil des éditions (Mise en forme des polymères, approche thermomécanique de la plasturgie, 4e édition en 2014), avec les contributions successives de Jean-Philippe Sergent, Pierre Carreau, Bruno Vergnes et Michel Vincent.</li>
<li><strong>Jean-Marc Haudin</strong>, immédiatement à l’issue de sa thèse en métallurgie, a accepté de sauter le pas en se lançant dans la cristallisation… des polymères. C’était un changement important que de quitter le métal, matériau ancestral et traditionnel de l’Ecole des Mines, pour le polymère, matériau tout nouveau à l’Ecole, et qui était encore loin au début des années 1970, de sa notoriété actuelle. »»<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">lire l’interview de Jean-Marc Haudin</a></li>
</ul>
<p>C’est également un changement majeur qu’a accepté d’accomplir <strong>Jean-Loup Chenot</strong> qui, passant définitivement de la mécanique quantique à la mécanique des milieux continus, est venu au CEMEF en 1975 à Paris, pour finalement prendre ma succession en 1979 à Sophia Antipolis. Jean-Loup Chenot a apporté et développé au CEMEF une grande compétence en calcul numérique (que montre par exemple le succès international du logiciel Forge) en synergie avec les approches physique et physico-chimique, telles que celles d’<strong>Éric Felder</strong> et <strong>François Delamare</strong> en tribologie. Il avait été décidé en 1974 d’implanter le tout nouveau CEMEF à Sophia Antipolis. Le déménagement eut lieu en septembre 1976, non sans difficultés de tous ordres, mais dans l’enthousiasme et avec la satisfaction d’accomplir un travail de pionniers.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_sophia1.jpg" title="P.Avenas_sophia1.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.P.Avenas_sophia1_m.jpg" alt="P.Avenas_sophia1.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Avenas_sophia1.jpg, août 2016" /></a>
<em>Photo de gauche, et de gauche à droite : P. Avenas, Directeur du CEMEF, Y. Rouchaleau, Directeur du CMA et B. Capitant, Délégué de l’Ecole des Mines de Paris-site de Sophia Antipolis.</em>
<br />
<br /></p>
<p>Je terminerai cette évocation des premières années du CEMEF par quelques réflexions sur les objectifs que nous nous étions fixés il y a 45 ans dans le domaine des polymères, comparés à la réalité d’aujourd’hui.</p>
<p>Tout d’abord, en 1970, les études de prévision sur les polymères considéraient en général qu’il n’y aurait probablement pas de polymères nouveaux développés à grande échelle dans les décennies à venir, mais plutôt un développement des polymères existants avec un grand nombre d’applications nouvelles.</p>
<p>Dans les grandes lignes, ceci s’est assez bien vérifié. Le volume global d’utilisation des polymères a considérablement augmenté : ainsi, en quarante ans, la production mondiale de matières plastiques a été multipliée par plus de six (à titre de comparaison, dans la même période, la production mondiale d’acier a stagné longtemps avant de croître à nouveau dans les années 2000, pour atteindre un peu plus de deux fois le niveau d’il y a quarante ans). Mais aucun très grand polymère vraiment nouveau n’est apparu. En revanche, les adaptations de polymères par formulation, mélange, modification chimique, se sont multipliées en relation avec la mise en forme et les applications des produits. Ceci a certainement amené le monde industriel de la production à la transformation des polymères, à privilégier les questions de mise en forme et le positionnement du CEMEF dans ce domaine s’est avéré porteur d’avenir.</p>
<p>D’autre part, ces travaux sur la mise en forme sont généralement des études de compréhension des phénomènes, qui constituent souvent la plus grande partie de l’activité des centres de recherche. Cette activité de compréhension et d’optimisation est d’ailleurs précieuse pour l’industrie qui en a grand besoin.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_polymeres.jpg" title="P.Avenas_polymeres.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_polymeres.jpg" alt="P.Avenas_polymeres.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Avenas_polymeres.jpg, août 2016" /></a>
<em>A gauche : obtention de morphologies fibreuses de polyéthylène à l’aide d’un rotor tournant dans un bécher. Au-delà d’une certaine vitesse de rotation, il y a formation de tourbillons de Taylor, qui créent des écoulements élongationnels locaux étirant les macromolécules</em><br />
<em>A droite, détail de la morphologie fibreuse : le chiche-kébab (anglais : shish-kebab)</em>
<br />
<br /></p>
<p>Mais un centre de recherche doit aussi s’efforcer de concrétiser des innovations plus marquées en termes de produit. De ce point de vue, j’ai eu réellement deux rêves technologiques au tout début du groupe en 1971.</p>
<p>Le premier, ce fut celui de réaliser un nouveau type de presse à injecter les matières plastiques. L’idée de départ était en fait celle d’Henrik Prus, maintenant disparu, et à qui je rends hommage. Il était le génial fondateur d’une PME produisant toujours aujourd’hui des presses à injecter. C’est aux Etats-Unis, à Princeton le 1er septembre 1971, que j’ai entendu parler de lui et de son idée de presse sans vis. Après une visite que je lui ai faite, à Bourg-la-Reine, un samedi matin de fin 1971, nous avons mis au point une collaboration (avec une aide de la DGRST de l’époque). Là encore, la foi des chercheurs qui ont travaillé sur ce projet a été déterminante : Pierre-Alain Hacq, René Boisson, Alain Lévêque, Jo Genna, puis Jean-Pierre Villemaire et bien sûr Jean-François Agassant qui a suivi et animé le développement du projet. La presse à injecter ne fut jamais mise au point, mais il y eut une idée dérivée : un rhéomètre original, que nous avons appelé Rhéoplast (aujourd’hui RhéoArt) et dont six exemplaires ont été vendus dans le monde… Donc une réelle innovation en termes de produit après des années d’efforts !
Dernier événement : la vente d’un RhéoArt pour la production de pâte de poisson (type surimi). Un retour à l’agro-alimentaire, abordé 40 ans plus tôt, lorsque Bruno Vergnes et moi avions travaillé sur la rhéologie de l’amidon, avec l’INRA. C’est d’ailleurs un peu à la suite de cette première incursion dans les polysaccharides que Patrick Navard s’est lancé dans le domaine de la cellulose, et a ensuite développé avec un grand succès l’association EPNOE. <br />
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<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_rheoplast-rheoart.jpg" title="P.Avenas_rheoplast-rheoart.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.P.Avenas_rheoplast-rheoart_m.jpg" alt="P.Avenas_rheoplast-rheoart.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Avenas_rheoplast-rheoart.jpg, août 2016" /></a>
<em>Rhéoplast et Rhéoart</em>
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<p>Le deuxième rêve était dans le domaine des cristaux de polymères. Il part du principe suivant : un monocristal parfait de polyéthylène, comportant des chaînes macromoléculaires parfaitement étirées dans une direction, aurait une rigidité supérieure à celle de l’acier dans le sens des molécules, avec une densité de l’ordre de 1. Cela pourrait donc constituer une structure de fibre à très haut module, ayant des propriétés comparables à celles des fibres de carbone ou des fibres aramides. Objectif prometteur. Hélas ! Les macromolécules de polyéthylène, poussées par une entropie irrésistible, sont extrêmement réticentes à l’idée de s’étirer complètement, et toutes ensemble, dans une seule direction. La structure vedette était alors celle dite en chiche-kebab, étudiée notamment par Albert J. Pennings chez DSM (le feu CdF Chimie néerlandais), avec qui j’avais pris contact dès 1971. Cette fibre théorique ne fut jamais mise au point… Cependant, la société DSM a persévéré, pour finalement lancer en 1990 une fibre en polyéthylène à haut poids moléculaire, dont le module élastique est extrêmement élevé : c’est la fibre Dyneema, obtenue par cristallisation sous étirage à l’état de gel, et qui rencontre désormais un marché non négligeable dans la fabrication des fils et cordages (pour la pêche, le gréement des bateaux, le sport…).
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<blockquote><p>Le CEMEF lui-même a été un rêve. Puis son implantation à Sophia Antipolis en a été un deuxième. Ces rêves sont devenus réalités grâce à tous ceux qui ont travaillé et travaillent encore dans ce centre, dirigé désormais par Élisabeth Massoni, et à qui je souhaite un avenir fructueux.<br /></p></blockquote>
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<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_id3.jpg" title="P.Avenas_id3.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Avenas_id3.jpg" alt="P.Avenas_id3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="P.Avenas_id3.jpg, août 2016" /></a>
Pierre Avenas sera Directeur du CEMEF de mars 1975 à otobre 1979. Il quitte le centre pour prendre des fonctions de Directeur de la R&D Chimie chez Total. C’est alors Jean-Loup Chenot qui est nommé Directeur du CEMEF.<br />
<br /></p>Take a walk on the science sideurn:md5:216f6ad5c37790c0eff1f3517034f0d72016-09-02T10:00:00+01:002016-09-02T10:00:00+01:00CemefGros planbiohistoireinterviewpolymères<h3>mille aventures en une !</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Itw_P.Navard_visuel2.jpg" alt="Itw_P.Navard_visuel2.jpg" title="Itw_P.Navard_visuel2.jpg, août 2016" />
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C’est au tour de Patrick Navard de raconter son aventure CEMEF. <br />
Son parcours se lit comme un roman, c’est rempli de rebondissements, d’anecdotes et on voudrait même une suite…<br />
<br /></p> <p><em>Ma première visite au CEMEF date de juin 1978, pour un entretien de recrutement en thèse. Sophia Antipolis était alors un vaste plateau avec des chemins de bergers, au milieu de la garrigue. Le sujet de thèse concernait la rhéologie des solutions de cellulose. Mon diplôme d’ingénieur de l’INSA de Lyon en physique des matériaux et un DEA de biologie ont probablement fait la différence et me voici thésard au CEMEF en octobre 1978.</em></p>
<p>Je partageais mon bureau avec Bernard Monasse qui travaillait sur la calorimétrie. Une de ses expériences fut de voir si en versant les cendres encore fumantes de sa pipe (on fumait dans les bureaux en ce temps-là) dans la corbeille à papier, celle-ci pouvait pendre feu. Le résultat fut positif, avec une poubelle plus mon sac partis en fumée. J’habitais Biot, un village à 5km. Il n’y avait pas de route pour Sophia, je venais au CEMEF en vélo à travers les chemins, saluant au passage les bergers qui gardaient leurs moutons.</p>
<p>Les solutions de cellulose qui faisaient l’objet de ma thèse avaient comme solvant la N-methylmorpholine N-oxyde. Un nouveau solvant prometteur, qui a conduit à la mise en place d’une nouvelle industrie de fils textile en cellulose (fibres Lyocell ou Tencel). A cette époque personne ne savait que la présence de certains métaux en quantité infime catalysait une violente réaction exothermique. J’en fis l’expérience : ma manip explosa en salle de chimie, fondant les barres en aluminium et dévastant tout ce qui s’y trouvait. Les pompiers durent se munir de masques complets de protection pour intervenir. Par chance, la salle était vide. Quelques semaines plus tard, la première usine construite, situé en Alabama, explosa faisant plusieurs morts. Les usines actuelles sont maintenant construites de telle sorte que s’il y a explosion, celle-ci soit contrôlée. La dernière explosion a eu lieu il y a deux ans en Autriche, sans dégât autre que matériel.</p>
<p>Au bout de deux années, j’ai informé mon directeur de thèse, Jean-Marc Haudin, que je faisais une année de pause, et que je reviendrais finir ma thèse l’année suivante. Heureusement, aucun de mes thésards ne m’a joué un tel tour ! Comment expliquer cette affaire aux industriels qui finançaient ma thèse ? Jean-Marc a su. Et moi, je suis parti à Londres en août 1980 avec en main l’adresse d’un laboratoire de recherche en physique qui faisait de l’optique. J’ai rencontré le professeur John Champion et lui ai demandé de m’accueillir huit mois sans me rémunérer, ce qu’il a accepté sans hésiter. Il m’a conduit dans une pièce occupée par trois thésards anglais, parlant une langue parfaitement incompréhensible pour moi et m’a montré mon bureau. <br /></p>
<blockquote><p>A ma question « quel travail dois-je faire » sa réponse fut « ce que tu veux ! ». Cette leçon m’a beaucoup apporté, en me poussant à chercher moi-même ce que je voulais.</p></blockquote>
<p>Que faire dans un labo d’optique ? J’avais vaguement vu que l’on pouvait préparer des cristaux liquides avec des solutions de dérivés de cellulose. J’ai donc essayé de voir si leurs outils d’optique pouvaient servir à caractériser ces solutions optiquement anisotropes. Cela a merveilleusement marché. Avec Gerry Meeten, lecturer dans ce laboratoire, nous avons publié trois articles. Ce travail a été un tournant dans ma carrière car cela lancera plus tard mon premier axe de recherche important sur les cristaux liquides polymères. Ma collaboration avec Gerry Meeten s’est poursuivie pendant plus de 10 ans, essentiellement sur la diffusion de lumière aux petits angles, avec huit articles publiés.</p>
<p>Depuis Londres, j’ai postulé pour participer à une école d’été de l’OTAN sur la cristallisation, trois semaines tous frais payés à Erice, en Sicile en août 1981. Une expérience étonnante, dans un village où aucune porte ne fermait à clef et où la sécurité était totale. Je me souviens que l’un des participants s’était fait volé sa valise à l’aéroport de Palerme. Qu’à cela ne tienne, une simple description de la valise aux organisateurs et dès le lendemain elle était de retour. L’un des participants, sachant que les polymères m’intéressaient, me dit qu’il venait de faire un séjour post-doctoral dans un centre de recherche d’IBM dans la Silicon Valley et que l’une des personnes de ce centre était un type très connu. Il s’agissait de Paul Flory, prix Nobel de chimie en 1974, l’un des inventeurs de la science des polymères.
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<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Itw_P.Navard_Torviscosa_1981.jpg" title="Itw_P.Navard_Torviscosa_1981.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Itw_P.Navard_Torviscosa_1981_m.jpg" alt="Itw_P.Navard_Torviscosa_1981.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Itw_P.Navard_Torviscosa_1981.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>Torviscosa, Italie, 4-6 Novembre 1981. Au 1er rang, de droite à gauche : Patrick Navard (4e) et Jean-Marc Haudin (5e)</em>. Experimental investigation of cellulose and cellulose derivatives mesomorphic solutions, Communication présentée à la Round Table Discussion on “Polysaccharide Solutions and Gels. Résumé publié dans Carbohyd. Polym., 2, 303 (1982)”
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Chose promise chose due, je reviens donc au CEMEF en octobre 1981 terminer ce qui s’appelait une thèse de docteur-ingénieur (équivalent de la thèse actuelle). Je partage alors mon bureau avec Pierre Gilormini, qui habite Biot également. Une nuit, il neigea beaucoup et Pierre et moi avons réussi une première hivernale, Biot-CEMEF en ski de fond, sans assistance ni oxygène. Mais dans la journée, la neige fondit et le retour s’est effectué à pied, skis sur l’épaule !</p>
<p>Avec l’aide de Jean-Marc, je convaincs Jean-Loup Chenot, directeur du CEMEF, de m’autoriser à rester une année de plus pour terminer une thèse de doctorat ès sciences (plus ou moins un équivalent de l’habilitation à diriger des recherches). Ces deux thèses soutenues en 1982 et 1983, il me faut partir. Je décide de faire un post-doctorat et je me souviens de la discussion à Erice. Je n’écris qu’une lettre de candidature à Paul Flory. Après avoir pris des renseignements sur moi, il me propose un poste à l’université de Stanford. Mais le salaire n’est pas très élevé. Je le remercie de sa confiance et de sa proposition, que je dois malheureusement décliner, les conditions financières ne me convenant pas. Une semaine plus tard, il me propose le même poste, mais cette fois payé par IBM, avec un salaire double, que j’accepte avec soulagement, n’ayant aucun plan B. Les huit mois passés dans son équipe furent très intéressants. Il n’avait jamais plus de deux ou trois collaborateurs et nous le voyions très souvent. Ce n’était pas quelqu’un de très rigolo. Il n’avait aucune pitié pour les échecs, et une haute idée de sa valeur, qui, il faut le dire, était exceptionnelle.</p>
<p>Mon sujet concernait la mesure des tenseurs de polarisabilité optique sur deux familles de petites molécules par diffusion Rayleigh. Ce séjour a mal commencé. En effet, au lieu de travailler directement sur les deux familles, j’ai décidé de vérifier si le montage avec lequel il travaillait depuis cinq ans tenait la route. J’ai donc mesuré une série de produits simples et bien connus tels que le benzène. Quinze jours plus tard, première réunion de travail et il demande si j’ai commencé à étudier la première série. Lorsque je lui ai dit que j’avais vérifié si ce qu’il publiait depuis cinq ans était correct, il s’est vraiment fâché…. Mais coup de chance pour moi, ses mesures étaient bonnes ! Le centre de recherche d’IBM était un véritable creuset intellectuel. J’y noue de multiples contacts et en huit mois, je suis co-auteur de cinq articles. Une dernière anecdote : un mois avant la fin de mon séjour, la réunion de travail s’éternise et nous arrivons à la cafétéria vers 14h30. Nous sommes seuls à une table quand un séisme de magnitude 6,4 frappe. Je connaissais par cœur les règles de sécurité, elles sont affichées partout. Pourtant je reste tétanisé sur ma chaise, incapable de bouger. Paul Flory m’attrape par le col et me fourre avec lui sous la table, juste avant que le plafond ne s’effondre.</p>
<p>De Californie, j’avais postulé au CNRS, et je suis retenu directement comme chargé de recherche CR1. Et je reviens en octobre 1984 au CEMEF, dans l’équipe de Jean-Marc Haudin. Je lance une activité qui sera très prolifique sur la physique, la rhéologie et la mise en forme des cristaux liquides polymères.</p>
<blockquote><p>Il y a très peu d’équipes de recherche sur la rhéologie de ces produits et c’est l’occasion de construire des outils de rhéo-optique, ces fluides étant optiquement anisotropes. Tout est à découvrir, il est assez facile pour mon équipe de se faire connaître, d’abord sur ces cristaux liquides, puis en utilisant les mêmes approches rhéo-optiques sur les mélanges de polymères et la dispersion de charges, sujets toujours traités au CEMEF.</p></blockquote>
<p>L’autre grand thème de recherche de ma carrière sera dû à un changement radical de sujet vers les polymères bio-sourcés et l’animation du réseau EPNOE début 2000. Mais ceci est une autre histoire.</p>
<p>Octobre 1989, je suis nommé directeur de recherche. Décembre 1989, c’est la fin de la dictature de Ceauşescu en Roumanie. Pour des raisons personnelles, j’aime beaucoup ce pays où je suis allé en 1976, au plus fort de cette folie dictatoriale. Je décide de prendre contact avec les quelques centres de recherche sur les polymères - excepté le laboratoire totalement bidon dont se servait la femme du dictateur pour prétendre être une scientifique. Je ne reçois qu’une seule réponse, du centre Petru Poni de Iaşi, en Moldavie. En juin 1992, je suis invité au congrès national de chimie à Bucarest, dans une ambiance surréaliste qui serait trop longue à raconter.</p>
<p>Avec l’un des professeurs d’Iasi, Bogdan Simionescu, maintenant vice-président de l’académie des sciences de Roumanie, nous décidons d’organiser le premier colloque franco-roumain sur les polymères à Iaşi en 1993. J’embarque avec moi une dizaine de français (dont Edith Peuvrel-Disdier, aujourd’hui responsable de l’équipe Rhéologie, Microstructures, Procédés au CEMEF) et en route pour Iaşi. Nous avons passé une semaine extraordinaire et chaleureuse, reçus par toutes les autorités, du patriarche orthodoxe au maire de la ville. Ce colloque était le symbole de la réouverture du monde scientifique roumain sur l’extérieur. Le pays était toujours très chaotique et il était impossible de téléphoner en France (difficile à croire pour les moins de 30 ans !!). Nous avions des amis à Bucarest et mon épouse leur téléphone pour leur dire que j’étais en Roumanie et qu’elle n’avait aucune nouvelle de moi. «Nous le savons », répondent-ils, « Patrick est tous les soirs à la télé ». Il n’y avait qu’une seule chaîne, en noir et blanc, et cette conférence était un événement national. Ce colloque perdure, organisé tous les deux ans en alternance en France et en Roumanie. Le prochain colloque, douzième du nom, se tiendra au CEMEF du 5 au 7 septembre 2016, organisé par Bogdan Simionescu, Alice Mija (une de mes thésardes, roumaine d’Iasi, maître de conférences à Nice) et moi-même. Nous n’aurons aucune chance de faire la une des actualités télévisées. Le CEMEF collabore toujours avec l’Institut Petru Poni depuis cette époque lointaine.
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<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Itw_P.Navard_chairebio_2010.jpg" title="Itw_P.Navard_chairebio_2010.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Itw_P.Navard_chairebio_2010_m.jpg" alt="Itw_P.Navard_chairebio_2010.jpg" title="Itw_P.Navard_chairebio_2010.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>Intervention de Patrick Navard lors de l’inauguration de la Chaire Bioplastiques présidée par Tatiana Budtova, février 2010</em>
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<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Itw_P.Navard_BFF_2015_s.jpg" alt="Itw_P.Navard_BFF_2015.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Itw_P.Navard_BFF_2015.jpg, août 2016" />
Ma vie de chercheur a été un mélange passionnant de découvertes, d’échecs, de frustrations, d’angoisse parfois, associé à des rencontres très riches, à la découverte de pays, de cultures, et à des aventures le plus souvent cocasses. <br />
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Bref, un métier riche et exaltant, à conseiller sans modération.</p>1982 : 1er livre CEMEF dédié aux polymèresurn:md5:d93fc43f6b6adea5f0ddade7b3308e7c2016-08-16T10:48:00+01:002016-08-16T10:48:00+01:00CemefGros planhistoirelivrepolymèrespremière<h3>son histoire commence bien avant, dès 1974…</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_visuel.jpg" alt="1er_livre_polymer_visuel.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_polymer_visuel.jpg, août 2016" /></p>
<p>Et c’est une longue aventure qui s’amorce ainsi avec un succès qui ne s’est pas démenti pendant ces quarante années !</p> <h3>l’histoire du livre “la mise en forme des polymères” (1974-2016)</h3>
<p>Ici aussi cela commence par un séminaire (Cf. <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/1er-livre">billet du 1er livre dédié aux métaux</a>), organisé par Pierre Avenas, en Juin 1974 sur la « Mise en œuvre des matières thermoplastiques » dans les locaux de l’Ecole des mines à Fontainebleau. Autour de lui une petite équipe de jeunes chercheurs peu expérimentés aussi bien en recherche qu’en enseignement (Jean-François Agassant, José Domenech, Pierre-Alain Hacq, Gérard Krotkine et Christian de Lamaestre) ; un public d’industriel nombreux (40 personnes) et déjà des thèmes qui sont aujourd’hui les éléments clefs de l’ouvrage : une approche simple de la mécanique des milieux continus, le transfert thermique mais aussi la plastification par l’arrière du filet* en extrusion monovis et le calandrage.<br />
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<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_seminaires_74_et_77.jpg" title="1er_livre_polymer_seminaires_74_et_77.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_seminaires_74_et_77.jpg" alt="1er_livre_polymer_seminaires_74_et_77.jpg" title="1er_livre_polymer_seminaires_74_et_77.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>A gauche, le document du séminaire de 1974 et à droite celui du séminaire de 1977</em><br />
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<em>*cette expression, qui a été largement répandue dans les premiers ouvrages, résulte en fait d’un contresens au niveau de la traduction du terme anglais : « back flight plastication » signifie en fait « plastification au niveau du filet arrière » et pas « plastification par l’arrière du filet ». Cette erreur a été corrigée dans les versions récentes.</em></p>
<p>En octobre 1976, le CEMEF déménage à Sophia-Antipolis et la décision est prise très vite d’organiser un second séminaire, sur la Côte d’Azur. Le document support grossit substantiellement (3 tomes) et des développements nouveaux apparaissent autour de la fabrication des films ou de la viscoélasticité.<br /></p>
<p>L’idée émerge de transformer ces polycopiés en livre… il faut trouver un éditeur. Dunod, sollicité, ne donne pas suite. Techniques et Documentation, qui n’est pas encore une filiale de Lavoisier, est intéressé mais attend des preuves d’intérêt de la part des milieux académique et industriel, d’où une quête de lettres de recommandations que nous sollicitons, Pierre Avenas et moi. Cela ne suffit pas, Techniques et Documentation nous demande d’apporter une partie du financement (cela s’appelle vulgairement publier « à compte d’auteur »). Pierre Avenas obtient un financement de 35000 F de la MIDIST (Mission Interministérielle pour la Diffusion de l’Information Scientifique et Technique) qui nous permettra à la fois d’embaucher un technicien pour réaliser les figures de l’ouvrage (à l’époque sur papier) et de financer Techniques et Documentation. L’arrêté d’attribution est signé par Pierre Aigrain, secrétaire d’état à la recherche du gouvernement de Raymond Barre, le 7 mai 1981, 3 jours avant l’élection du président François Mitterrand.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_lettre-midist.png" title="1er_livre_polymer_lettre-midist.png"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_polymer_lettre-midist_m.png" alt="1er_livre_polymer_lettre-midist.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_polymer_lettre-midist.png, août 2016" /></a>
<em>Attribution du financement de la MIDIST</em><br />
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<p>Le livre paraît en juillet 1982 (tirage 956 exemplaires) avec une préface de Jean Mandel (1907-1982), Professeur de mécanique à l’École Polytechnique de 1951 à 1973. Le livre m’est apporté par un de mes étudiants au congrès IUPAC d’Athènes en juillet 1982. Le succès est immédiat et dépasse toutes les prévisions de Techniques et Documentation : 402 exemplaires vendus dès 1983, puis 199 en 1984 et 304 en 1985. L’ouvrage est épuisé dès le début de l’année 1986 et maintenant c’est Techniques et Documentation qui nous sollicite pour réactualiser l’ouvrage qui paraît en 1986 (tirage 900 exemplaires) et va servir de support à un nouveau séminaire de formation pour industriels que nous organisons avec mes collègues Bruno Vergnes et Michel Vincent en septembre 1987.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_editions_82_et_86.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_82_et_86.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_editions_82_et_86.jpg" alt="1er_livre_polymer_editions_82_et_86.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_82_et_86.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>A gauche : édition de 1982, à droite : édition de 1986</em>
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<p>Entre temps j’ai fait la connaissance à Strasbourg lors d’une réunion constitutive de la « Polymer Processing Society » (1985) de Lezcek Utracki, d’origine polonaise, parlant parfaitement français et directeur de l’IMI (Institut des Matériaux Industriels) à Boucherville dans la banlieue de Montréal au Québec. Il est séduit par le contenu de l’édition de 1982 et demande à l’éditeur Hanser (éditeur officiel de la Polymer Processing Society) de publier le livre en anglais. Le problème est de le traduire et j’en suis parfaitement incapable à l’époque. Lezcek Utracki me met en contact avec Pierre Carreau, professeur à l’Ecole Polytechnique de Montréal, et nous convenons d’un contrat d’édition avec Hanser courant 1986. <br /></p>
<p>La traduction du livre est une œuvre de longue haleine et le livre paraît finalement en 1991 avec un tirage de 3300 exemplaires. Il est épuisé en 1999, au grand désespoir de collègues nord-américains qui utilisaient cet ouvrage comme support pour leur enseignement.<br /></p>
<p>La deuxième édition du livre français est épuisée comme la première en quelques années et, dès 1989, Technique et Documentation en réalise un deuxième tirage (1116 exemplaires) à l’identique. Ce deuxième tirage est, lui, épuisé en 5 ans et il nous faut remettre à jour l’ouvrage. Bruno Vergnes et Michel Vincent s’investissent massivement dans cette nouvelle édition qui embrasse maintenant les différents domaines de la rhéologie et de la mise en forme des polymères. Fort des succès précédents, Techniques et Documentation tire cette troisième édition à 1850 exemplaires en 1996. La nouvelle préface est signée de Pierre-Gilles de Gennes (1932-2007, prix Nobel de Physique 1991), que Pierre Avenas avait eu comme professeur dans le DEA de Physique du Solide d’Orsay. Le début des ventes est prometteur, en particulier parce que l’Ecole des Mines organise chaque automne un cours d’une semaine, à la fois pour les élèves de l’Ecole et pour un public industriel. Rapidement cependant le vivier s’épuise et en 2014 il restait à peine 200 exemplaires invendus.<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_editions_91_et_96.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_91_et_96.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_polymer_editions_91_et_96_m.jpg" alt="1er_livre_polymer_editions_91_et_96.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_91_et_96.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>A gauche : couverture de l’édition anglaise de 1991 et à droite : édition française de 1996</em>
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<br /></p>
<p>Il a donc fallu déployer des efforts importants pour convaincre Techniques et Documentation , intégré au Groupe Lavoisier, de conclure un nouveau contrat d’auteurs signé en 2009. L’ouvrage de 844 pages est paru au printemps 2014. Il comporte maintenant 10 chapitres dont un dédié à l’extrusion bivis, un autre à l’injection et enfin un chapitre spécifique sur le calandrage. Cette 4e édition en français a été tirée à 700 exemplaires, dont 300 vendus à fin mars 2016. À noter : 2 exemplaires ont été vendus en 2016 sous la forme numérique (E-books), sans doute appelée à se développer. <br />
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_editions_14_et_17.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_14_et_17.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_polymer_editions_14_et_17_m.jpg" alt="1er_livre_polymer_editions_14_et_17.jpg" title="1er_livre_polymer_editions_14_et_17.jpg, août 2016" /></a><br />
<em>A gauche, couverture de l’édition française de 2014 et à droite, la couverture de l’édition anglaise à paraître en 2017</em>
<br />
<br /></p>
<p>Mais l’histoire n’est pas finie puisqu’un nouvel ouvrage en langue anglaise devrait paraître à la fin 2016 ou au tout début 2017. Là aussi le processus a été difficile à enclencher : premier contact avec Hanser en décembre 2012 au congrès PPS de Pattaya en Thailande, lancement concret de l’opération au congrès PPS de Nuremberg en juillet 2013. Nous (Bruno Vergnes, Michel Vincent et Jean-François Agassant) effectuons une traduction des chapitres de l’ouvrage français et Pierre Carreau améliore ensuite cette traduction. Le contrat d’édition est plus complexe à finaliser dans la mesure où il implique également Lavoisier qui est titulaire des droits de traduction. Il est finalisé en novembre 2014 et l’ouvrage est aujourd’hui complètement traduit et révisé.</p>
<p>Une aventure qui se traduit à ce jour par la vente de près de 5 000 ouvrages en français et de 3 300 ouvrages en anglais.<br />
<br />
<br />
<em>Billet de blog rédigé par Jean-François Agassant</em><br />
<br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_polymer_toutes-couv-fr.jpg" alt="1er_livre_polymer_toutes-couv-fr.jpg" title="1er_livre_polymer_toutes-couv-fr.jpg, août 2016" />
<br /></p>1973 : 1er livre CEMEF dédié aux métauxurn:md5:fdde9da47a9046e62f89dbb5188223032016-08-08T10:02:00+01:002016-08-09T12:56:28+01:00CemefGros planhistoirelivremétauxpremière<h3>ce livre sera fondateur de la mise en forme des métaux.<br /></h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_visuel.jpg" alt="1er_livre_metaux_visuel.jpg" title="1er_livre_metaux_visuel.jpg, août 2016" /></p>
<p>Il paraît en deux volumes chez Dunod fin 1973.<br />
Son titre : Mise en forme des métaux. Calculs par la plasticité<br />
Ses auteurs : Pierre Baqué, Eric Felder, Jérôme Hyafil, Yannick d’Escatha</p> <h3>le contexte<br /></h3>
<p>Pierre Baqué crée en 1970 un groupe de recherche sur la mise en forme des métaux à l’Ecole des Mines de Paris. <br />
L’objectif est d’appliquer la Mécanique des Milieux Continus à l’étude des procédés de transformation des métaux, afin de prédire les écoulements de matière dans ces procédés. Des cogitations de cette jeune équipe émerge une idée audacieuse : traduire leur toute récente pratique de recherche en activité de formation, en organisant un séminaire destiné aux ingénieurs de l’industrie. <br />
Ceci répond à plusieurs objectifs :<br /></p>
<ul>
<li><strong>En premier lieu</strong>, bien sûr, un objectif de formation en transférant des connaissances de base et des méthodes permettant une approche scientifique des procédés de transformation. <br /></li>
</ul>
<p><strong>Le besoin était immense.</strong> <br /></p>
<blockquote><p>Pierre Baqué écrit : Les ingénieurs de l’industrie de transformation étaient comme des ingénieurs électriciens ne connaissant pas la loi d’Ohm. Ils le sentaient, et voyaient en nous ceux qui apportaient cette lecture,</p></blockquote>
<ul>
<li><strong>mais aussi</strong>, souder l’équipe autour d’un projet commun et assurer sa propre formation (selon le principe, enseigner une matière aide à mieux la maîtriser),</li>
<li>former l’équipe à l’expression orale, avec l’aide d’une comédienne Mytho Bourgoin, qui était un peu son égérie,</li>
<li><strong>et enfin</strong>, faire rentrer de l’argent dans les caisses du centre.<br /></li>
</ul>
<p><br />
Ce premier séminaire est conçu, écrit, diffusé, réalisé la première année de fonctionnement du groupe et <strong>70 personnes le suivent.</strong> Certains participants passeront ensuite des contrats de recherche, ou offriront des stages débouchant sur des contrats. <br />
<br />
<strong>Devant le succès obtenu, le séminaire est reconduit, et les textes sont publiés en 1973 sous forme de livre, chez Dunod.</strong><br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_seminaire_mai_1975.jpg" title="1er_livre_metaux_seminaire_mai_1975.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_metaux_seminaire_mai_1975_m.jpg" alt="1er_livre_metaux_seminaire_mai_1975.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="1er_livre_metaux_seminaire_mai_1975.jpg, août 2016" /></a></p>
<h4>séminaire “contribution des oxydes métalliques au frottement sec à chaud”, ecole des mines à fontainebleau, mai 1975<br /></h4>
<p>Sur l’estrade, de gauche à droite (1) Michel de Vathaire, (3) Eric Felder, (4) François Delamare, (5) Jean-Luc Wybo, (8) Lucien Coutu et (9) Alain Le Floc’h.
<br /></p>
<h3>le livre : sa forme</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_couv.png" alt="1er_livre_metaux_couv.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_metaux_couv.png, juil. 2016" /><br />
L’ouvrage intitulé « Mise en Forme des Métaux. Calculs par la plasticité » comporte deux tomes et 711 pages. Il a été publié en offset (camera ready) à partir des textes tapés à la machine. Par rapport aux performances des traitements de texte actuels, cela confère à l’ouvrage un indéniable caractère suranné.<br />
<br /></p>
<h3>le livre : ses auteurs</h3>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_4id.jpg" alt="1er_livre_metaux_4id.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_metaux_4id.jpg, juil. 2016" /><br />
<strong>Que sont-ils devenus ?</strong><br /></p>
<ul>
<li><strong>Pierre Baqué</strong> : fondateur du groupe Mise en Forme, a été le premier Directeur du CEMEF, qu’il n’a pas accompagné à Sophia Antipolis. Il a ensuite travaillé dans la construction nucléaire chez Creusot Loire et été Président de Pechiney Bâtiment. Depuis 1991, il est Président de PB&A, société de conseil, qu’il a créée. <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Portrait-de-Directeur-%3A-Pierre-Baqu%C3%A9-initiateur-du-CEMEF">voir le billet de blog “le CEMEF vu par son 1er directeur”</a><br /></li>
<li><strong>Eric Felder</strong> : a effectué toute sa carrière au CEMEF, où il a développé la thématique Thermomécanique des Surfaces/Tribologie.<br /></li>
<li><strong> Jérôme Hyafil</strong> : a créé une société d’assistance technique aux industries de transformation (la DERIM), puis, après un parcours diversifié, a occupé des postes de direction dans un groupe international de … vins et spiritueux !<br /></li>
<li><strong>Yannick d’Escatha</strong> : était, à l’époque du livre, un jeune Ingénieur du Corps des Mines détaché du Laboratoire de Mécanique des Solides de l’Ecole Polytechnique. Il poursuivra sa carrière dans le nucléaire, pour devenir délégué général du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique). Il fut par la suite Président du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales).<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h3>le livre et son originalité</h3>
<p>Dans la préface, <em><strong>Jean Mandel</strong></em>, grand nom de la Mécanique, a clairement mis en évidence les points originaux de l’ouvrage :</p>
<blockquote><p>A l’époque, la Théorie de la Plasticité était généralement présentée de façon trop abstraite, et était de ce fait peu utilisée. Le mérite des auteurs a été d’exposer cette théorie sous une forme accessible et immédiatement utilisable. Ils sont partis d’exemples très simples et familiers aux techniciens pour faire comprendre le phénomène de plasticité, et ont ensuite abordé progressivement des problèmes plus complexes, avec le minimum de développements mathématiques. De nombreux exemples et exercices, menés jusqu’à l’application numérique, permettaient la mise en pratique des connaissances théoriques acquises. Ainsi, il s’agissait d’un véritable outil de travail proposé aux ingénieurs de la transformation des métaux.<br /></p></blockquote>
<p><br />
L’ouvrage comporte cinq parties :</p>
<ul>
<li>Partie A<strong> Mécanique des Milieux Continus</strong> : déformation, vitesse de déformation contrainte, puissance de déformation, élasticité linéaire</li>
<li>Partie B <strong>Théorie de la Plasticité</strong> : comportement plastique, critère de plasticité, loi d’écoulement, énergie de déformation</li>
<li>Partie C <strong>Méthodes de calcul</strong> : méthode des tranches, méthodes d’encadrement (borne supérieure, borne inférieure), méthodes de visualisation, méthode des lignes de glissement, méthode de simulation (investigation par similitude)</li>
<li>Partie D <strong>Tests mécaniques</strong> : rhéologie-tribologie-ductilité, présentation et analyse des essais mécaniques</li>
<li>Partie <strong>Exemples de calculs de procédés</strong> : laminage, filage, tréfilage, forgeage, emboutissage, étirage de tube<br /></li>
</ul>
<p><br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_visuel2.jpg" title="1er_livre_metaux_visuel2.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_metaux_visuel2_m.jpg" alt="1er_livre_metaux_visuel2.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_metaux_visuel2.jpg, août 2016" /></a><br /></p>
<h3>le livre et son impact dans l’histoire du CEMEF</h3>
<p>Historiquement, le livre est antérieur à la création officielle du CEMEF. Il convient néanmoins de le citer comme « premier ouvrage », car il représente le « fonds de commerce » sur lequel le groupe Mise en Forme, puis le jeune CEMEF ont fondé leur approche des procédés de mise en forme des métaux. Ainsi, les premières thèses ont largement fait appel à la méthode de la borne supérieure (cf. <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/1978-1%C3%A8re-doctorante-au-CEMEF">billet de blog sur la thèse de Marie-Claire Estivalet</a>). La simulation à l’aide de la plasticine s’inspire des principes de similitude décrits dans le livre (cf. <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/La-plasticine%2C-une-vraie-aventure-scientifique-du-CEMEF">billet de blog sur la plasticine</a>).</p>
<p>Par la suite, avec le développement de la méthode des éléments finis (code FORGE 2), aussi bien la méthode de la borne supérieure que la simulation plasticine ont peu à peu diminué en importance, pour finalement disparaître du paysage.
<br /></p>
<p>Pour terminer, Pierre Avenas a appliqué la même démarche à la mise en forme des polymères (organisation d’un séminaire résidentiel, puis écriture d’un livre), mais ceci est une autre histoire (Cf. billet de blog ici).
<br />
<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/1er_livre_metaux_page.gif" title="1er_livre_metaux_page.gif"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.1er_livre_metaux_page_m.jpg" alt="1er_livre_metaux_page.gif" style="display:block; margin:0 auto;" title="1er_livre_metaux_page.gif, juil. 2016" /></a><br />
Une des 711 pages du livre <br />
<br />
<br />
ISBN 2-04-005366-2<br />
<br />
<br />
<br /></p>1988 : 1er prix de thèseurn:md5:6bcbe22fe591dde1d7850ba84a8119752016-06-29T09:00:00+01:002016-06-29T09:00:00+01:00CemefGros planhistoirepolymèrespremièreprixthèse<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_NB_entete.png" alt="Prix_NB_entete.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_NB_entete.png, juin 2016" /></p>
<h2>Nouvel article dédié à une première.<br /></h2>
<p><em></em></p>
<h2>Après la soutenance de la première thèse, l’arrivée de la première doctorante, la première récompense à un chercheur, voici le premier prix de thèse CEMEF.<br /></h2>
<p><br />
<strong>En 1988, Noëlle Billon reçoit le prix de thèse de la SFIP pour sa thèse soutenue l’année précédente sur la modélisation des cinétiques globales de cristallisation des polymères.</strong></p> <p><br />
Le billet a été rédigé par Noëlle Billon.
Voici son histoire… Comme elle le dit : <strong><em>Histoire d’un petit moment, un petit moment d’Histoire. Sans raconter d’histoire, histoire de dire l’Histoire seulement, même si c’est la petite.</em></strong><br /></p>
<p>Bonne lecture.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_NB_trophee.gif" alt="Prix_NB_trophee.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_NB_trophee.gif, juin 2016" />En 1988 pour la première fois au CEMEF, parait-il, une thèse recevait les hommages d’une société savante. L’Histoire retiendra que c’est la mienne (non, pas « c’était », je l’ai toujours). Arrivée au CEMEF en 1983, je soutenais « dès » 1987 mon traité sur la “Modélisation des cinétiques globales de cristallisation des polymères. Application aux procédés de mise en forme”. Travail mené au sein du groupe Historique CES (Cristallisation et Etudes Structurales) sous la houlette de J.M. Haudin.
<br /></p>
<blockquote><p>Profitons de l’occasion pour corriger une erreur souvent faite quant aux significations de l’acronyme. Non, il ne s’agit pas du groupe hystérique <em>Course en Sac</em> de la Caisse d’Exploitation de la Méthode des Eléments Finis. Excusons ces sources, pourtant autorisées, mais mal informées. La faute aux soirs de déprime dans la salle info quand le pointeur vert fluo clignotait lentement sur l’écran vert mat juste en-dessous du barbarisme supposé indiquer que nous aurions vivement souhaité que le ch’tit ordinateur, qui occupait toute la pièce d’à côté, accepte enfin de cracher (crasher ?) une réponse.</p></blockquote>
<p>Mais nous parlons là d’un temps que tant de gens de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un système de calcul qui crashe qui croirait cela !</p>
<p>L’œil averti, empreint du souci du détail, aura noté : 4 ans !</p>
<blockquote><p>Quatre ans, c’est long même si ce n’est qu’un dixième de l’âge canonique du laboratoire !</p></blockquote>
<p>Un peu élastique la durée en ces temps reculés, mais une fois sortie de la piscine, les haltères ont été lourdes et le temps filait entre les doigts. Pourtant, globalement la cinétique a été un modèle. Un peu d’énergie dans les équations, un peu de pascal, de GSphigs et autre langage d’avenir qui va s’imposer (merci Serge) et malgré la densité de la probabilité nous avons procédé dans un volume limité. Rien n’a été instantané, et, pas instantan<ins>n</ins>é (tu vois Jean-Marc je me souviens!). Nos automates cellulaires, pas encore baptisés, généraient de merveilleux dessins sur des imprimantes :
…….tac….tac,….., reeeeeeeeeeeetactatactactac,…, tac, frrreeeeeeeeeeeeeeep………..</p>
<p>“Maikessequellerakompte ?” Après une première année consacrée à la réticulation des polyéthylènes par voie silanique en piscine tiède, le travail se réorientait vers la cinétique de cristallisation. Le filage textile fut notre terrain de jeu pour tenter une prédiction des effets d’accélération liés à l’écoulement à l’aide d’un modèle statistique d’haltères élastiques. Au passage nous mettions à plat les théories de cinétiques globales leur implémentations dans un calcul simple et leur identification. Ce dernier point nous incita à prendre en compte la réalité des mesures : épaisseur des échantillons, contact avec l’outillage et transcristallinité.
Voilà pour le sujet !</p>
<p>En 1988 nous obtenions le prix de thèse SFIP pour l’enseignement supérieur.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_NB_logo-sfip.png" alt="Prix_NB_logo-sfip.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_NB_logo-sfip.png, juin 2016" /> SFIP ? Sucre et Farine Incorporables en Pâtisserie. Non, nous ne sommes pas à l’école Hôtelière ! Société Française des Ingénieurs du Plastique. Le premier prix de thèse obtenu au CEMEF, donc, et hasard de l’Histoire ……….. à une femme !</p>
<p>”Car oui, il me vient l’envie de ne pas parler science et de laisser échapper juste deux mots pour mes sœurs et frères de combat. Parce que, quand même, la vie dans notre pays de cocagne ne fut pas un long fleuve tranquille jonché de pétales de roses arrosées d’une fine rosée matinale bienfaisante pour tous et toutes. Bien sûr, bien sûr, la rose n’a d’épine que pour celui (celle) qui prétend la cueillir, et nous avons prétendu « bien fait pour nous » en somme.”</p>
<h2>Flashback un peu lointain par respect pour nos anciennes :</h2>
<h2>1924</h2>
<p><strong>Uniformisation des programmes scolaires masculins et féminins et création d’un baccalauréat unique</strong></p>
<h2>1932</h2>
<p><em>Ma maman voit le jour. Elle, elle ne l’aura pas son bac. Pas de chance, il a bien fallu la retirer de l’école à 16 ans pour la placer bonne. Elle aimait l’école pourtant, mais fallait payer les études de ses frères, des garçons eux. Et oui, les soutiens de famille, tant la femme ne pouvait rien soutenir, si ce n’est des opinions ridicules quand elle dépassait la mesure et s’exprimait à voix haute. L’Histoire racontée par les uns constitue parfois les souvenirs des « unes ».</em></p>
<h2>1938</h2>
<p><strong>Suppression de l’incapacité juridique de la femme mariée</strong></p>
<h2>1944</h2>
<p><strong>Droit de vote et d’éligibilité pour les femmes</strong></p>
<h2>1946</h2>
<p><strong>Suppression de la notion de « salaire féminin »</strong>… Notez, nous y reviendrons, on a supprimé la notion.</p>
<h2>1956</h2>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_NB_baby.gif" alt="Prix_NB_baby.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_NB_baby.gif, juin 2016" /><em>Ben coucou me voilà, petit bébé, un peu prématurée, mais bébé en or. Vous en rêvez tous et toutes : mange, dort, mange, dort, mais … une fille. La première de ma mère quand même</em>.<br />
<em>Déjà première ! Comme quoi l’atavisme…</em>
<br />
<br /></p>
<h2>1965</h2>
<p><strong>Les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.</strong></p>
<blockquote><p>Intégrez bien, la date et l’objet. Un homme marchait sur la lune le 21 juillet 1969. A 4 ans prés, s’il avait été français, il aurait dû signer une autorisation pour sa femme avant de monter dans la capsule. Vous imaginez le dialogue : « allo allo Houston ici le module lunaire. Oui, bon désolé les gars (forcément !) je suis parti un peu vite ce matin, dites à ma femme que l’autorisation est signée elle est sur la commode de la chambre, sous la photo de grand papa et qu’elle pense à me repasser ma chemise jaune, moins d’amidon au col cette fois ! A vous ».</p></blockquote>
<p><em>A vrai dire à l’époque cela ne m’a fait ni chaud ni froid. Ma maman, par contre, a respiré pour moi et ma sœur. Peut-être un mot de plus pour les plus jeunes. « Les femmes mariées » et oui, les autres étaient soit les « filles de » soit « des filles de rien ». Elles n’existaient pas.</em></p>
<h2>1972</h2>
<p><em>Reconnaissance du principe « à travail égal, salaire égal ».</em></p>
<blockquote><p>Notez la prudence: on n’a juste reconnu le principe qui devait passer par là par hasard. Et salut « principe » coucou je te connais non ? Et là le principe se retourne « You’re talking to me ? ».</p></blockquote>
<h2>1972</h2>
<p><strong>L’école polytechnique devient mixte : 8 femmes sont reçues</strong></p>
<blockquote><p>Qu’est-ce qu’ils en ont causé les mecs ! Et que je te théorise sur les différences z’intellectuelles pour arriver à la conclusion que oui, mais oui, mais oui, une femme peut sans doute AUSSI faire de brillantes z’études. Attention, pas être brillante, il ne faut pas pousser quand même, un chromosome reste un chromosome, elles, elles sont travailleuses, courageuses même. Peu importe, C’EST BIEN, pour une femme, de faire des études, mais « n’y perdra-t-elle pas toute CHANCE de se marier ? D’ailleurs, à bien y regarder, n’y a-t-il pas que les moches qui font des études ? » (SIC, bien sûr je ne revendique pas ces propos Historiques, hystériques ?)</p></blockquote>
<p><em>Moi perso, jeunesse immature, je trouvais que le costume était bien cher payé cette chance d’entrer à polytechnique et qu’Anne ne respirait pas la joie de vivre. De plus, on ne la laissait pas causer. Les mecs, surtout ceux qui n’auraient jamais pu rentrer à polytechnique malgré leur capacités de souteneurs (de famille bien-sûr !), y savaient mieux quoi dire sans doute.</em></p>
<h2>1974</h2>
<p><strong>Françoise Giroud première secrétaire d’état à la condition féminine</strong></p>
<blockquote><p>Belle invention, c’est vrai que nous étions reconnues (comme les principes et les notions peut-être) pour notre capacité à soutenir (-) des conditions inacceptables et incompréhensibles. De quoi nous plaignions nous?</p></blockquote>
<p><em>Moi j’ai mon bac, pas brillamment pour l’époque, il faut bien le dire. Mais quelque chose comme 150 000 bacheliers au bac général cette année-là. J’ai donc fait mieux que 150 001ème. C’est bien ! 150 000 garçons et filles confondus, car il n’y a qu’un bac mais deux catégories de bacheliers. Quand la société décidé d’aller vite, elle prend son temps !</em></p>
<blockquote><p>Le 5 juillet 1974, la majorité passe de 21 ans (depuis 1972) à 18 ans (même pour les filles).</p></blockquote>
<p><em>Septembre 1974 Je pars à l’IUT. L’IUT un grand moment de 2 ans à peine, 70 entrants, 50 sortants. 5 filles. Elles, elles sont toutes entrées et sorties dans la première moitié. Voyez comme elles étaient courageuses.</em></p>
<h2>1976</h2>
<p><strong>La mixité devient obligatoire pour tous les établissements scolaires publics</strong>
<em>Alors là, ma chance, j’ai échappé au pire, sérieux les filles on apprend tellement mieux hors de portée de la testostérone même balbutiante. Si vraiment il fallait supprimer quelque chose dans l’égalité des chances c’est la mixité des écoles primaires, collèges et lycées ! Je leur concède les maternelles et le supérieur.</em></p>
<h2>2000</h2>
<p><strong>Mise en œuvre d’une politique globale d’égalité des chances dans le système éducatif</strong></p>
<p>Ben si mes ainées avaient attendu…</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_NB_ID3.png" alt="Prix_NB_ID3.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_NB_ID3.png, juin 2016" /> <strong>Merci mes ainées ! Et mes cadettes, goûtez votre chance d’être ici mais ne lâchez pas !</strong>
Le moyen-âge sociétal c’est lourd, même avec des robots ménagers, des machines à laver et des CB à notre nom. J’imagine que le téléphone portable et les tablettes n’aideraient pas. Ouverture sur le monde ? A qui veut-on faire croire cela ? Au moins au temps des cabines et des magasins aux coins de la rue, cela donnait une opportunité à certaine de prendre l’air. Voilà un moment d’Histoire, être la « première à » peut simplement participer à « cesser de ne pas être » …..</p>Portrait de Directeur : Pierre Baqué initiateur du CEMEFurn:md5:fbbee7b1b85680b7e38630e3a42d58d12016-05-30T15:41:00+01:002016-08-08T12:47:50+01:00CemefGros planbiohistoireintervieworigines<p><strong></strong><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_wordcloud.png" alt="P.Baque_wordcloud.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="P.Baque_wordcloud.png, mai 2016" /></p>
<h2>Le CEMEF est créé en 1974, Pierre Baqué à sa tête. Il a oeuvré à sa création et à sa mise en place et c’est tout naturellement qu’il en est nommé Directeur.<br /></h2>
<h2>Voici les débuts vus et racontés par son leader de l’époque.</h2>
<p><br />
Epoque foisonnante où tout était à concevoir et construire dans ce domaine à peine esquissé de la mise en forme des matériaux.</p> <p>Pierre Baqué, stimulé par la dynamique d’innovation de la Direction de l’Ecole des Mines de Paris, définit avec son acolyte, Pierre Avenas, la stratégie et les axes de recherche du nouveau centre, CEMEF.
<br />
En 1974, le CEMEF compte <strong>26 personnels scientifiques et 13 techniciens et administratifs</strong>. C’est déjà un centre de belle taille.<br /></p>
<p>Le rapport d’activité de l’Ecole des Mines de Paris de l’année indique : <br />
Le <strong>Centre de Mise en Forme des Matériaux</strong> a été créé à partir des Groupes Mise en Forme et Matériaux Polymériques du Centre des Matériaux.
Ses recherches portent sur les procédés de transformation des matériaux, qui font passer du lingot de métal et de la poudre de polymère à une pièce finie. La structure scientifique du centre résulte de la diversité des problèmes rencontrés au cours de ces opérations :</p>
<ul>
<li>la matière s’écoule, les outils doivent résister = axe thermomécanique des milieux continus</li>
<li>la matière cristallise, recristallise ou se texture = axe relations écoulement-cristallisation</li>
<li>la matière frotte sur les outils = axe frottement, lubrification, usure.</li>
</ul>
<p>Ce sont six groupes de recherche qui sont ainsi créés en plus d’un Bureau d’études et Simulation.<br />
<br />
Le cadre posé, voici ce qu’écrit Pierre Baqué en introduction des actes du colloque* organisé à l’occasion des 20 ans du CEMEF en 1996.<br />
<br />
<img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_livre.gif.gif" alt="P.Baque_livre.gif.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="P.Baque_livre.gif.gif, juin 2016" /></p>
<h3>les débuts du CEMEF</h3>
<p><strong>Mon cher Jean-Loup**,</strong></p>
<p>Quand tu m’as convié à cette manifestation, j’ai accepté dans le dixième de seconde qui a suivi car j’étais heureux de venir parmi vous, pour cette fête.</p>
<p>Heureux comme quelqu’un qui a mis toute son impulsion dans un projet, et qui, plus de vingt ans plus tard, constate que l’impulsion non seulement perdure, mais s’amplifie. En me proposant comme thème « introduction historique », tu m’invites à plonger dans ma mémoire, pour rapporter les circonstances et les courants qui ont présidé à la création du CEMEF. Je vais donc plonger, avec la partialité du protagoniste et les filtres auréolant de la mémoire.</p>
<p>L’événement majeur se situe dans les années 60, à Nancy.</p>
<p>L’ashram du Professeur Bertrand Schwartz – l’Ecole des Mines de Nancy – a créé une sorte de bib bang, un séisme pédagogique, dont toutes les écoles d’ingénieurs ont profité par la suite. L’idée parait classique aujourd’hui (bien qu’elle ne soit pas toujours assimilée). L’ingénieur se dirige vers la vie professionnelle non seulement pour utiliser des techniques, mais pour organiser des corps sociaux, les animer, écouter, faire émerger des projets, ceux de l’entreprise au travers des projets individuels, enseigner, apprendre encore, faire et être.</p>
<p>Pour mettre en œuvre un tel projet pédagogique, il avait attiré deux races d’individus brillants, les ingénieurs (Pierre-Marie Fourt, Claude Destival, Michel Turpin, Michel Sindzingre, Jacques Poulain…), et les théâtreux, (Mytho Bourgouin, Jean-Marie Conty et quelques autres). De ce mélange réactif et vif, était née une école rayonnante, pleine d’énergie, et une étique nouvelle de l’ingénieur.</p>
<p>Pierre-Marie Fourt, qui eût été un remarquable directeur d’école, mais préféra ultérieurement la voie de l’industrie, exporta ces germes vers l’Ecole des Mines de Paris.</p>
<p>A Paris, c’est l’époque d’un directeur éminent, Raymond Fischesser, le moraliste, et d’un sous-directeur foisonnant, Pierre Laffitte, le visionnaire. Claude Daunesse, au Ministère de l’Industrie, soutient et cautionne les évolutions de l’équipe innovante. Et la greffe prend à l’Ecole des Mines de Paris. Elle attire une généalogie d’entrepreneurs de l’enseignement et de la recherche. Dans le champ des matériaux, Michel Sindzingre, André Pineau, Pierre Baqué, Pierre Avenas. Michel Turpin viendra ensuite leur donner cette tutelle discrète que seules légitiment la finesse et la pénétration de la pensée. Quelle est cette greffe ? N’est-elle pas une régression vers la technique par rapport à l’ouverture nancéienne ? Je ne le pense pas. Tout au contraire. Au-delà des caractères distincts de ces entreprises, un fond commun les animait.</p>
<p>La technique est un vecteur de l’action et une référence dans l’approche. Les hommes en sont porteurs, le transfert se fait par eux, non par connaissance embarquée, mais par mode d’appréhension du réel. Et en ce moment particulier de la vie d’un homme, où il quitte le lieu de l’apprentissage pur pour entrer dans celui de la pratique pure, il peut être utile pour lui de se forger un outil nouveau, qui est celui de construire du savoir en vue de l’agir.</p>
<p>La recherche orientée, concept original à l’époque, était le segment de cette action, située en ce lieu écartelé, qui jouxte la recherche fondamentale, animée par la seule pulsion d’efficacité pratique. Beaucoup ne lui trouvaient pas de légitimité, mais la volonté, l’exigence, l’honnêteté de ces équipes ont fini par donner à ce concept de recherche orientée contenu et élan.</p>
<p>Mais je ne me lancerai pas dans une théorisation du concept aujourd’hui. Vous attendez un récit.</p>
<h3>1968</h3>
<p>Ma démarche était simple et presque naïve. J’avais appris beaucoup de science. Je voulais que ce soit utile. Je ne voyais pas dans la perspective des cabinets ministériels signes annonciateurs en ce sens, alors que dans le même temps j’avais rencontré un homme, dont l’intensité me fascinait, un homme très mat, très brun, dont le verbe s’échappait par bouffées brèves et denses, et qui me présentait ce que je voulais faire bien plus richement que je ne l’aurais formulé à l’époque. C’était Pierre-Marie Fourt. Il avait quitté l’Ecole pour prendre la direction générale des Aciéries d’Imphy et de Pamiers. Mais c’était dans son sillage que je voulais m’inscrire. Lui et Michel Sindzingre m’envoyèrent en stage à Hayange, chez les de Wendel.</p>
<p>Après le flux stimulant, me voilà seul, au fond d’une usine pour un an. Hayange. Vallée de la Fensch, en Lorraine. Une usine de laminage. Ce n’était peut-être pas le hasard.</p>
<p>M. Sindzingre et A. Pineau étudiaient les structures des métaux pour améliorer les performances. Je me trouvais sur le maillon manquant, dans l’univers de la transformation. La stimulation fondamentale vint au début. Imaginez le stagiaire… Il est là, planté devant le laminoir, le casque mal ajusté, la peau rougie par le rayonnement de l’acier, pas très à l’aise d’avoir les mains sales, étonné du chaud, du froid, du bruit, de tout… Les ouvriers devant lui, jettent des branches de genêt sur l’acier rouge, juste avant qu’il ne soit aspiré entre les cylindres de laminoirs. La calamine saute. Des éclats fusent. On m’explique qu’il faut éliminer la calamine pour améliorer le frottement entre cylindres et blocs laminés.</p>
<p>La question, banale, sort de ma bouche. Quand on augmente le frottement, le bloc s’élargit-il plus ou moins ? La réponse est moins banale. Elle déterminera la création de ce qui deviendra le CEMEF. En effet, la réponse de contremaître est ferme, ça s’élargit moins parce que le métal est plus aspiré dans le laminoir. J’eus pu m’en contenter. Peut-être en serait-on resté là ? Mais le soir venu, rencontrant le directeur de l’usine, réputé lamineur émérite, je repose la même question. J’apprends alors que l’augmentation du frottement augmente les efforts de laminage, les pressions, et donc élargit davantage le métal ??? Je passerai le reste du stage à défricher le sujet, avec les moyens du bord, des analogies, des calculs infondés, des hypothèses fantaisistes, dans un va-et-vient permanent entre des lectures plutôt difficiles, inconnues de mes interlocuteurs ingénieurs, Hill, Mandel, Johnson, et des essais sommaires sur le plancher, avec mes amis lamineurs, réellement étonnés que quelqu’un s’intéresse au cœur de leur métier. Retour de stage, aucune des questions soulevées n’a trouvé la moindre réponse, mais…</p>
<ul>
<li>Bertrand Schwartz me glisse cette vérité de La Palisse qu’il vaut mieux chercher là où personne encore n’a cherché</li>
<li>Pierre-Marie Fourt m’encourage, et m’identifie à un projet « Mise en Forme », (sans plus, c’est vague, ça sonne comme un appel du 18 juin), il me cautionne auprès de Michel Sindzingre et Pierre Laffitte et, sans attendre le premier signe d’expertise réelle, me donne une mission de conseil dans une tréfilerie à Imphy et une Forge à Pamiers (ça, c’est du soutien).</li>
<li>Les enjeux économiques globaux d’une plus grande maîtrise de ces questions se dessinent avec évidence, pour l’acier et toute sorte de matériaux.</li>
</ul>
<p>Malgré l’angoisse de chercher sans trouver, je me jette à l’eau. Je créerai cette activité.<br />
<br />
<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/PBaque_citation.png" title="PBaque_citation.png"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/PBaque_citation.png" alt="PBaque_citation.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="PBaque_citation.png, juin 2016" /></a><br />
<br />
<strong>La première conviction est que les processus de transformation sont complexes, et que seule une approche pluridisciplinaire a des chances de prospérer.</strong></p>
<p>D’où le dessin, fort simple, d’une organisation de l’équipe à venir :<br /></p>
<ul>
<li><ins>Côté plasticité</ins>, les équations me paraissent trop complexes et insuffisamment représentatives des matériaux réels pour les aborder de front, et je préfère commencer par une « première marche » faite d’une part de modèles simplifiés (tranches sous tous les angles, bornes supérieures par champs cinématiques…) afin d’appréhender, de sentir la matière et le cœur des phénomènes, d’autre part de ces simulation tant décriées, mais dont il me semble qu’une approche plus rigoureuse, scientifiquement épurée, et quantitativement exploitée, pourrait porter des fruits utiles.</li>
<li><ins>Côté thermique</ins>, un découplage partiel des phénomènes d’écoulement, de déformation, et de transformation métallurgique est possible, et une série d’approches simplifiées doit être développée, et adaptée à l’univers spécifique de l’industrie de transformation.</li>
<li><ins>Côté frottement (tribologie)</ins>, deux niveaux de lecture se combinent indissociablement et indéfiniment, mais selon des disciplines et des formes d’esprit presque incompatibles, thermomécanique d’une part, physico-chimique d’autre part. Il faut deux groupes distincts et travaillant de concert.</li>
<li><ins>Côté structure métallurgique</ins>, je sais les travaux d’André Pineau, je sais la spécificité, et en même temps les gains potentiels d’un couplage entre l’histoire thermomécanique des déformations d’un élément de métal (elle-même profondément déterminée par les conditions aux limites tribologiques), et la structure finale de cet élément, donc sa performance d’emploi. Il faut un groupe prenant en compte la face rhéologique du problème en même temps que la face structurelle.<br /></li>
</ul>
<h3>le dessin de l’organisation est fait en 1970 !</h3>
<p>Il faudra trouver au fil des jours les hommes susceptibles de remplir ces fonctions en acceptant de se compléter, c’est-à-dire de travailler ensemble sur des projets industriels spécifiques, mais aussi acceptant de progressivement modeler leur expertise propre dans le champ applicatif de la mise en forme, en développant ainsi des outils propres à ce champ. Nous sommes là au cœur de la notion de recherche orientée. Et en termes stratégiques, nous pourrions dire que la mise en commun, au sein du CEMEF, d’études, par exemple tribologiques, sur le tréfilage, le laminage, la forge à froid, l’emboutissage… donne aux équipes un effet d’expérience qu’aucun laboratoire appliqué dans une industrie, et aucun laboratoire de tribologie pure générale ne peut avoir. Ces hommes se trouveront, avec un rare bonheur, en peu d’années. Ce sont pour beaucoup encore aujourd’hui les chefs de groupe du CEMEF… Assez vite un vibrant expert des surfaces sensibles vint nous rejoindre, François Delamare. Jean Duriau s’occupa des simulations. Franck Montheillet et Jean-Marc Haudin, furent l’objet d’une OPA amicale. Pierre Avenas, vint s’installer dans le bureau voisin et développa des concepts analogues pour les polymères. Il attira Jean-François Agassant puis Jean-Loup Chenot. Telle est, dans ses grandes lignes, la généalogie assez linéaire et quasi biblique du CEMEF.</p>
<h3>financement</h3>
<p>Il fallait aussi des sous. Certes l’Ecole des Mines assurait un puissant et discret soutien. Mais il fallait des contrats industriels, appoint indispensable (50% des ressources globales dans les premières années), caution, et source essentielle d’inspiration ou de polarisation. Les premiers contrats ont été obtenus selon une technique illustrant les effets de synergie. Enseignant aux Ecoles des Mines de Paris et Nancy, j’étais légitime d’envoyer des stagiaires dans les usines. Suivant attentivement le parcours des stagiaires, il m’était naturel d’identifier dans les usines des problèmes et d’avoir quelques idées pour y apporter progrès. Habitué par la tradition de l’Ecole à contacter les dirigeants des sociétés, il m’était assez commode d’aller trouver ces dirigeants et de leur proposer nos services. La DGRST, trouvant les idées intéressantes, se joignit à nos efforts. Une seconde technique fut utilisée. Quelques mois seulement après le début du centre, un projet fou germa dans nos esprits excités. En plus de notre propre apprentissage, de nos visites dans les laboratoires à l’étranger, de nos stages en Europe du Nord, de la production de recherche sur nos contrats, des cours dans les Ecoles, nous allions organiser un séminaire résidentiel de formation de 5 jours en plasticité appliquée à la mise en forme. Il fut conçu, écrit, diffusé, réalisé… la première année de fonctionnement et 70 personnes le suivirent. Certains nous passeront des contrats, ou des stages puis des contrats… Nous travaillions avec un ami mécanicien, plus théoricien, et fascinant de densité, Yannick d’Escatha, qui poursuivra sa carrière dans le nucléaire, et qui est aujourd’hui délégué général du CEA. La seconde année nous feront éditer notre séminaire chez Dunod. En résumé, ce fut un temps heureux où les contrats furent faciles à obtenir, parce que nous répondions les premiers à un besoin réel. Les ingénieurs de l’industrie de transformation étaient comme des ingénieurs électriciens ne connaissant pas la loi d’Ohm. Ils le sentaient, et voyaient en nous ceux qui apportaient cette lecture. L’écoute de leurs problèmes était notre aliment. C’est la meilleure recette commerciale, et aujourd’hui que mon métier me conduit toujours à vendre, comme vous, mes idées, l’écoute approfondie du client reste une étape indispensable, difficile et décisive. Ecouter, s’identifier, se lover dans la sphère du client… avant de retrouver son propre lieu, d’où le regard sur son problème est différent, et qui nous permet d’apporter justement autre chose qu’il ne peut produire lui-même.</p>
<h3>it’s a long way to Antipolis</h3>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_facade_mpt.jpg" title="P.Baque_facade_mpt.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_facade_mpt.jpg" alt="P.Baque_facade_mpt.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Baque_facade_mpt.jpg, mai 2016" /></a>
Façade de l’Ecole des Mines de Paris, Bd St Michel, Paris <br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_facade_ensta.jpg" title="P.Baque_facade_ensta.jpg"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_facade_ensta.jpg" alt="P.Baque_facade_ensta.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="P.Baque_facade_ensta.jpg, mai 2016" /></a>
Façade de l’ENSTA, Bd Victor, Paris<br /></p>
<blockquote><p>Le CEMEF aujourd’hui est situé à Sophia Antipolis. Qui l’imagine ailleurs ?</p></blockquote>
<p>Mais nos débuts furent moins confortables, moins identifiés, et nous commençâmes par une diaspora parisienne. Le boulevard Saint Michel était bien entendu impensable. Corbeil et Fontainebleau étaient déjà pleins. Nous trouvâmes des locaux au dernier étage de l’ENSTA, quand elle se créait, sur une dalle nue et grise, jetée au-dessus de l’ex-musée de l’Air, boulevard Victor. L’ENSTA avait besoin d’afficher des groupes de recherche, nous avions des idées. L’accord se fit sur ces bases, dans le cadre d’un groupe commun, chaque école faisant figurer ce groupe sur son compte rendu. L’ENSTA nous paya le plancher, les premières cloisons, puis les suivantes, puis les cloisons de tout l’étage, tant notre petite population était prolifique… Nous rencontrâmes quelques difficultés diplomatiques avec nos hôtes en raison de notre croissance… ou devant les velléités du directeur des recherches de l’ENSTA à vouloir parfois s’immiscer dans notre programme de travail ! Puis d’autres difficultés émergèrent quand les premières tréfileuses expérimentales d’Alain Le Floc’h simulaient des conditions de lubrification critiques, et que, suprême arbitre du niveau de vibrations, les disques durs de l’ordinateur de l’ENSTA situé au-dessous de nous, tressautaient en créant de nombreux bugs. Ou quand la tréfileuse gravitationnelle d’Eric Felder atterrissait dans un sable trop dense, propageant ainsi des basses peu appréciées de nos voisins du dessous. Anecdotiquement, je garde un excellent souvenir de cette tréfileuse, capable de simuler en quelques dixièmes de seconde une grande variété de régimes hydrodynamiques, et dont l’économie de moyens me rappelait, toute modestie mise à part, les premières expériences de lord Rayleigh sur le patin hydrodynamique, obtenu en limant des échelons dans des « coins » que l’on faisait tourner autour de leur axe comme des toupies… J’aimerais savoir si les régimes de stick slip observés alors sont désormais totalement élucidés, prévisibles, et maîtrisables… Quand le projet de marteau-pilon de Pierre Fernier, et de presse hydraulique de Lionel Felgères et Jean-Yves Merlin virent le jour, il n’était plus question de se contenter de la dalle aérienne de l’ENSTA. Nous négociâmes un petit bout du service des constructions et armes navales (STCAN), plus loin sur le boulevard. Quand l’OPA amicale sur les équipes de Franck Montheillet et Jean-Marc Haudin eut lieu, nous conservâmes bien entendu les locaux du boulevard Saint Michel. Une telle diaspora n’était guère commode. Des regroupements furent envisagés sur le plateau de Palaiseau, au Creusot, ailleurs encore. Mais la vraie solution, c’était Antibes. Antibes, qui pour beaucoup évoquait l’Arlésienne, un projet impossible, fantaisiste. J’ai vécu ce temps des plans de masse sans financement, des annonces sans lendemain, des espoirs et des déceptions. Certains entraient dans les centres de l’Ecole des Mines dans cet espoir, et repartaient, thèse rédigée, dans la même attente messianique. En fait, même s’il n’y croyait pas toujours, seul Pierre Laffitte poussait sans relâche devant lui ce projet. Or, c’est parce qu’ils ont des rêves que ceux qui rêvent, un jour, les réalisent. <strong>Le rêve se réalisa.</strong></p>
<p>A ce moment je partais pour l’industrie. Pierre Avenas conduisit le voyage vers la terre promise. Le CEMEF fut le premier centre de Sophia.</p>
<h3>la communication</h3>
<p>En matière de recherche, on parle souvent de communication. A l’Académie des Sciences par exemple. Mais à l’époque, nous avions un autre besoin de communiquer : celui de nous faire comprendre, dans nos entretiens sur le terrain, dans nos séminaires, nos cours, nos conférences.</p>
<p>En ce temps-là, les ingénieurs parlaient mal, très mal. L’ennui incarné. L’obscurcissement total et définitif. Communiquer était essentiel. Dans le sillage de l’héritage nancéien, voir plus haut, je fis venir au CEMEF Mytho Bourgouin, l’une des Théâtreuses de l’Ecole des Mines de Nancy. Au milieu de notre semaine, la fenêtre Mytho apportait un air tout frais. Nos exercices étaient de présence corporelle ou de poésie. Nous communiquions entre nous à coups de Prévert et de Rimbaud. La poésie nous rappelait que la recherche a besoin de créativité.</p>
<p>Et, stade plus « conforme », nous nous entraînions à nos exposés, devant Mytho. « Rends-moi intelligente » disait-elle. « Tout peut se dire simplement ». De nos tricots de tics, elle éliminait les plus handicapants. Elle mettait l’ampli sur chacune de nos personnalités, et faisaient de nos défauts personnels les armes d’une expression personnelle. Nos séminaires et nos cours furent des succès. Ils devaient beaucoup à Mytho. Nous poussions le luxe jusqu’à y créer de véritables petites pièces de théâtre pour simuler les cas d’industrie, avec leur technicité et leur typologie relationnelle, entre production et commercial, entre chercheurs et ingénieurs… Nous allions filmer les sauts à la perche de Guy Drut pour illustrer certaines déformations de torsion, nous allions faire des relevés sur les culées de Notre Dame, pour calculer sa résistance au vent, par des méthodes de bornes inférieures. C’était touffu. Parfois désordonné. Mais nous étions heureux, et dotés d’une efficacité certaine dans cette phase de débroussaillage des problématiques de la mise en forme. Nos « clients-élèves-spectateurs » riaient de nos facéties. La pédagogie passait. Des contrats nouveaux en découlaient. Deux décennies plus tard, j’ai parfois un ancien client du CEMEF au téléphone, et ce souvenir situe instantanément notre relation dans un climat propice à… une vraie communication.</p>
<p>Nous communiquions aussi beaucoup par l’écrit. Jalonnant notre travail de multiples notes. Il n’y avait aucun académisme dans cette manière de faire. Mais la volonté de progresser par étapes. Chaque écrit dégageait ses lacunes et ses avancées. Nous donnions un cadre à de plus étroites mais plus pénétrantes actions de recherche. Pierre Avenas et Jean-Loup Chenot allaient ouvrir ces chemins plus avancés, que la première équipe ne faisait qu’entrevoir. Si les méthodes utilisées alors peuvent faire aujourd’hui figure néolithique, je revendique pour cette première équipe une grand exigence intellectuelle et multidisciplinaire, qui a je crois donné une toile de fond à notre paysage de la mise en forme des matériaux.</p>
<h3>chute de rideau</h3>
<p>20 ans après avoir quitté le CEMEF, je confirme à l’expérience personnelle, les fondements sur lesquels s’étaient établis cette aventure. La référence de recherche orientée, que l’on acquiert en 3 à 5 ans de ce type de travail et de positionnement, vous suit toujours positivement. Elle vous donne une approche du réel, industriel, commercial, financier, économique… tout à fait originale, reconnaissable et créative. La gestion d’une entreprise par un ancien chercheur type CEMEF est spécifique et performante. Le lieu et le moment sont importants. Il ne s’agit pas d’avoir un diplôme de plus, mais d’apprendre autre chose, un mode d’action sur le réel. Saint Augustin a écrit cette belle phrase qui s’applique à nous : Cherchez comme ceux qui doivent trouver ; trouvez comme ceux qui doivent chercher encore.</p>
<p><br />**Jean-Loup Chenot, Directeur du CEMEF de 1979 à 2008.<br /></p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/P.Baque_Lkn.jpg" alt="P.Baque_Lkn.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="P.Baque_Lkn.jpg, mai 2016" />
Pierre Baqué quitte la direction du CEMEF en mars 1975, remplacé par Pierre Avenas.</p>La plasticine, une vraie aventure scientifique du CEMEFurn:md5:4f2c720ed447e8228bce41d19b2e88542016-04-28T15:28:00+01:002016-04-28T15:28:00+01:00CemefGros planhistoiretechniques<h2 style="””text-align:”" center="”“">De 1974 à 2004, le CEMEF a développé, utilisé et amélioré la technique de simulation… par plasticine. Avant de développer de nouveaux outils de simulation numériques… Mais c’est une autre histoire.</h2><h2><img class="media" alt="Plasticine_rouleau.jpg" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Plasticine_rouleau_m.jpg" /></h2><h2>Grandeur et décadence de l’atelier de pâte à modeler ! Ce billet retrace l’histoire d’une formidable technique, racontée par une de ses ferventes utilisatrices, Suzanne Jacomet, surnommée la “Plasticinette”.</h2> <p>Pierre Montmitonnet nous a raconté<a target="_blank" href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/””/blog/index.php/post/30-ans-d-histoire-du-CEMEF-%3A-le-laminoir-pilote””"> les travaux autour du laminoir pilote dans un premier billet de blog</a>. Aujourd’hui, c’est <strong>Suzanne Jacomet</strong> qui déroule le fil de son expérience au travers de la plasticine :</p><blockquote><p>Nos jeunes étudiants travaillant sur leur ordinateur, se doutent-ils qu’il n’y a pas si longtemps, dans les murs du CEMEF, leurs prédécesseurs ont joué, à la pâte à modeler ? N’était-ce qu’un jeu ? Eh bien, lisez ce qui suit, vous serez étonnés d’apprendre que ce matériau de notre enfance a largement contribué à la validation des codes de calcul que vous utilisez.</p></blockquote><h4><strong>A l’origine : 1974</strong></h4><p>Pierre Baqué, directeur du CEMEF en 1974, applique la technique de la similitude des systèmes au formage. Elle consiste à reproduire les pièces métalliques à l’aide d’un matériau plus facile à déformer : la pâte à modeler. Il précise les conditions à respecter pour pouvoir extrapoler les valeurs des procédés réels industriels, à partir des résultats de simulation. Le CEMEF est pionnier en France.</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_salle_1978.jpg" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_salle_1978.jpg" /></figure><p>Salle de plasticine en 1978 - Suzanne Jacomet à gauche</p><h4><strong>Jusqu’en 1981</strong></h4><p>À l’arrivée du centre à Sophia Antipolis en 1976, sous la direction de Pierre Avenas, Jean Duriau, alors chef du groupe Bureau d’Études Simulation, aménage au rez-de-chaussée du bâtiment un immense laboratoire de simulation. Il embauche en février 1977 une « frêle demoiselle » très vite surnommée Plasticinette, Suzanne Jacomet, qui va découvrir la diversité, l’étendue et la complexité de la Mise en Forme des Matériaux, en mettant la main à la pâte…à modeler !</p><p>Le but des premières années est de mieux comprendre l’écoulement de la matière dans les procédés de mise en forme. La pâte à modeler vient en appui de modèles simples (borne supérieure par exemple, les programmes de simulation numérique n’existant pas encore…). On simule des procédés classiques ou plus exotiques. Par exemple le filage avant (<em>Figure 1</em>) ou le matriçage de pièces automobiles (<em>Figure 2</em>) :</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><p><img class="media" alt="plasticine_filage.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_filage.png" /></p></figure><p>Figure 1 : visualisation en filage</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><p><img class="media" alt="plasticine_moyeu_comparaison.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_moyeu_comparaison.png" /></p><p>Figure 2 : comparaison de pièces du type moyeu de roue en acier et en pâte à modeler</p></figure><p><br />Les avantages de cette simulation seront jusqu’en 1981:</p><ul><li>Le travail à froid, à échelle dilatée ou réduite, permettant de simuler à moindre coût aussi bien des défauts d’usinage de quelques millimètres, que des pièces de grosse forge d’un diamètre supérieur à 2 m.</li><li>Des essais réalisés sur des maquettes de machines réelles plus petites et instrumentées pour mesurer les efforts, couples, pressions permettant le calcul des valeurs réelles grâce aux coefficients de similitude.</li><li>L’utilisation de pâtes à modeler de couleurs différentes permettant la visualisation des écoulements.</li><li>La possibilité de réaliser des marquages fins en surface mais aussi à l’intérieur des pièces pour faire des mesures de déformation.</li><li>La prise en compte du frottement avec l’emploi de lubrifiants.</li></ul><p>Les Acteurs… de ce premier épisode : Pierre Baqué (initiateur) avec Pierre Daignières, Jean Duriau, Bernard Lavarenne, Éric Felder, Dominique Fenot, Didier Coolen, Daniel Jouanique, Jean-Loup Chenot, Jean-François Rondepierre, Pascal Baudouin, <a target="_blank" href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/””/blog/index.php/post/1978-1%C3%A8re-doctorante-au-CEMEF””">Marie-Claire Estivalet (première doctorante embauchée au CEMEF</a>), Henri-Jean Braudel, Patrick Deneuville, Jean-Jacques Pérouze, Gilles Regazzoni, Reza Zadno, Yves Thoré, <a target="_blank" href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/””/blog/index.php/post/1981-%3A-1%C3%A8re-r%C3%A9compense-pour-les-travaux-de-recherche-du-CEMEF””">Eric Weynant (premier prix décerné au CEMEF avec Jean-Marc Haudin)</a>, Marc Abouaf, Pedro Vera, Jean-Luc Marcelin.</p><h4><strong>De 1981 à 1993</strong></h4><p>En 1981, le logiciel de déformation minimale issu des travaux de Gilles Damamme et de Frank Montheillet permet d’obtenir des cartes de répartition des déformations (<em>Figure 3</em>). La simulation par plasticine devient quantitative. Pendant de nombreuses années, elle sera utilisée pour valider les codes d’éléments finis « naissants », notamment Forge2<sup>®</sup> ou Forge3<sup>®</sup>.</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_marquage.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_marquage.png" /><figcaption> </figcaption><p><img class="media" alt="plasticine_carte_deformations.jpg" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_carte_deformations.jpg" /></p><p>Figure 3 : en haut : exemple de marquage pour le calcul de la déformation minimale ; en bas : carte des déformations obtenue avec le programme de déformation minimale.</p></figure><p> </p><p>Une connaissance rigoureuse des paramètres rhéologiques du comportement de la pâte à modeler est indispensable. Nous les avons caractérisés finement par divers essais mécaniques : compression, bi-poinçonnement, traction, torsion. Des variations importantes ont été mises en évidence. Pour cette raison, chaque nouvelle étude est accompagnée d’une campagne de tests rhéologiques de contrôle et deux tests simples sont réalisés : le bi-poinçonnement (<em>Figure 4</em>) et la compression.</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_bi-poinconnement.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_bi-poinconnement.png" /><figcaption>Figure 4 : le test de bi-poinçonnement</figcaption></figure></figure></figure><p>Durant cette période (1981-1993) et grâce à ce travail pointu, la pâte à modeler garde sa suprématie pour les procédés trop compliqués à simuler numériquement. C’est le cas par exemple pour la mise en forme par métallurgie des poudres de pièces automobiles (1989) (<em>Figure. 5</em>).</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_metallurgie-poudres.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_metallurgie-poudres.png" /></figure><figcaption>Figure 5 : mise en forme par métallurgie des poudres d’une bielle automobile</figcaption></figure><p><br />Le développement de logiciels en mise en forme des matériaux n’a pas « expulsé » immédiatement ce mode de simulation originale. Des industriels, sceptiques ou amusés lors de la publication de <a target="_blank" href="http://www.flipgorilla.com/p/23837411469462250/show">notre plaquette publicitaire en 1978</a>, ont multiplié les installations de laboratoires de plasticine dans leurs entreprises, en parallèle au développement informatique. Moyen simple à mettre en œuvre et peu coûteux pour dissiper leurs doutes sur les résultats des simulations numériques, avant de lancer des gammes de fabrication sur matériaux réels. Le CEMEF a organisé des stages de formation en 1985 et 1986. Un Club de simulation par matériaux modèles a vu le jour et ses nombreux participants se sont réunis régulièrement entre 1986 et 1992.</p><p>A la création du mastère spécialisé MATMEF (Matériaux et Mise en Forme) en 1987, un TP s’appuie sur la plasticine pour conduire les élèves à comparer simulations physiques et numériques.</p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_comparaison-numerique.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_comparaison-numerique.png" /><figcaption>Figure 6 : comparaison des cartes des déformations en fin de 2ème passe – simulation physique et numérique</figcaption></figure><p> </p><p>Les nouveaux acteurs « CÉMÉFIENS » de ce deuxième épisode glorieux de la technique sont: Alain Le-Floc’h : à la tête du Bureau d’études – Atelier –Simulation (BEAS), Jean-Georges Malcor, Pierre Gilormini, Daniel Lebouvier, Chantal David, Didier Farugia, Gilles Surdon, Albin Antunes, Fadel Nyang, Claude Bohatier, Janusz Mstowski, Évelyne Darque-Ceretti, Henri-Jean Braudel, Christine Bertrand, Yves Germain, Michel Bellet, Frédéric Geffraye, Herbert Grazzini, François Delamare, Pierre Montmitonnet, Christophe Levaillant, Jean-François Dupuis, Jean-Louis Querbes, Patrick Roubaud.</p><h4><strong>De 1994 à 2004</strong></h4><p>Les simulations numériques sont devenues fiables, beaucoup plus performantes et rapides pour les procédés classiques. L’atelier de plasticine voit son activité diminuer ainsi que ses mètres carrés! Il déménage dans un autre bâtiment D, perd, son laminoir SCALA, et se fait, grignoter par d’autres activités qui ne demandent qu’à se développer ! Il finira réduit en un espace de 3 m sur 5 m où ne subsisteront que la presse PSIDIX, le petit laminoir de préparation, deux armoires et une table… juste de quoi faire quelques lopins.</p><p>Pendant ces 10 années la pâte à modeler n’apporte plus qu’une aide complémentaire à la simulation numérique, pour des procédés complexes.<strong> Malgré tout, trois études « magistrales » vont permettre de terminer cette belle aventure en beauté</strong> :</p><ul><li>Élaboration de matériaux composites «feuillards de titane et fibres de carbone», qui a participé à la validation de la version multi-matériaux du code Forge2<sup>®</sup> (<em>Figure 6</em>) ;</li><li>Étude de l’endommagement en forgeage à chaud de TiAl, filage de soupape ;</li><li>Influence de la géométrie de préformes en matriçage d’aubes de compresseur en TiAl.</li></ul><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="plasticine_composite.png" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/plasticine_composite.png" /><figcaption>Figure 7 : simulation d’un composite avec deux couches de titane et des fibres alignées</figcaption></figure><p> </p><p>Les nouveaux acteurs du 3<sup>ème</sup> et dernier épisode : Jean-Marie Risser, Lionel Fourment, Christophe Magny, Nicolas Marceau, Doriane Helary, Mihaela Teodorescu, Jean-Manuel Ruppert, Benjamin Piqué, Lucia Garcia Aranda, Arnaud Allais, Nicolas Thevenet, Hicham Abbad.<br /><br />Un très grand nombre de jeunes chercheurs ont goûté à cette activité ludique pour avancer dans leurs travaux de compréhension des phénomènes lors de la mise en forme de pièces industrielles massives. Une vingtaine de thèses ont fait appel à cette technique, ainsi que plusieurs sujets de stage Comme elle était très pédagogique, elle a été largement utilisée dans l’enseignement (Mastère MATMEF et MIG « Métiers de l’Ingénieur Généraliste » module de MINES ParisTech pour les étudiants Ingénieurs Civils de 1<sup>ère</sup> année).</p><p> </p><blockquote><h4>Que de bons souvenirs, en une trentaine d’années, avec des chercheurs enthousiastes, des études industrielles passionnantes et quelques tonnes de pâtes à modeler !</h4><h4><em>Suzanne Jacomet, ex « plasticinette » du CEMEF</em></h4></blockquote><p> </p><figure style="margin: 0 auto; display: block;"><img class="media" alt="Plasticine_Suzanne-Alain.jpg" src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Plasticine_Suzanne-Alain_m.jpg" /><figcaption>Alain Le Floc’h et Suzanne Jacomet - Mars 1994</figcaption></figure><p> </p><p>></p>Interview de Tatiana Budtovaurn:md5:c2b2588c5202471ff9ae0cfa0370dae72016-04-18T07:30:00+01:002016-05-30T13:37:02+01:00Romain CastellaniGros planbiohistoireinterviewpolymères <p>Après l’<a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">interview de Jean-Marc HAUDIN</a> sur les débuts du Cemef, retrouvez ci-dessous l’histoire de Tatiana BUDTOVA, chercheuse au centre dans le groupe BIO (matériaux bio-sourcés).<br />La vidéo est divisée en deux parties. Vous pouvez visionner l’interview dans son ensemble en cliquant <a href="https://www.youtube.com/watch?v=oiy7F15JMQU">ici</a>.</p><h3>Partie 1 : Parcours de Tania Budtova avant le CEMEF et son arrivée au laboratoire</h3><div style="position: relative; width: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.25%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/vOKuYcwx7BI" allowfullscreen="" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; left: 0; top: 0; border: none;"></iframe></div><h3>Partie 2 : le CEMEF aujourd’hui vu par Tania Budtova et son regard sur son travail sur les aérogels</h3><div style="position: relative; width: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.25%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/4pYkaIln-XM" allowfullscreen="" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; left: 0; top: 0; border: none;"></iframe></div><p> </p>1981 : 1ère distinction des travaux de recherche du CEMEFurn:md5:1afdb36cdfec5aacb21bf0bfcb0e630c2016-04-07T14:25:00+01:002016-06-24T13:42:07+01:00CemefGros planhistoirepolymèrespremièreprix<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.Prix_JMH_piece_proto_t.png" alt="Prix_JMH_piece_proto.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Prix_JMH_piece_proto.png, avr. 2016" /></p>
<h2>Ce 1er prix est attribué à Jean-Marc Haudin et Eric Weynant. <br />
Par le GFP, le premier à récompenser les recherches réalisées au sein du centre. En 1981, le CEMEF était un jeune laboratoire dont la moyenne d’âge des chercheurs dépassait à peine les 30 ans. Ce fut donc une sacrée reconnaissance et la validation, s’il en était nécessaire, du modèle pluridisciplinaire du centre.</h2> <p><br />
Plus connu sous son sigle <strong>GFP</strong>, le<em> Groupe Français d’Études et d’Applications des Polymères</em> est la société savante regroupant les polyméristes français du monde académique aussi bien que du milieu industriel. Il crée son « Prix du GFP » en 1973 pour « distinguer un jeune chercheur, ingénieur, ou une équipe, ayant fait œuvre novatrice dans le domaine de la Science des macromolécules et ses applications ». Ce prix, attribué jusqu’en 2001, a récompensé trois fois des membres du CEMEF :<em> Jean-Marc Haudin et Éric Weynant</em> (1981),<em> Patrick Navard</em> (1989) et <em>Michel Vincent</em> (1993). Première récompense décernée aux chercheurs du jeune CEMEF, le prix du GFP 1981 a distingué leurs travaux sur la déformation plastique et le forgeage du polybutène.</p>
<p>Dans sa présentation des lauréats, le GFP indique :</p>
<p><strong>« ces chercheurs ont su transposer aux polymères les concepts et les techniques de la métallurgie, soulignant ainsi la fécondité d’une interdisciplinarité scientifique appliquée dans ce cas à la physique et à la mécanique des polymères ».</strong> C’est toute la philosophie du CEMEF qui était récompensée !</p>
<p>La déformation plastique des polymères à l’état solide fait partie des thèmes du groupe de recherche sur les polymères dès sa création par Pierre Avenas. Les travaux dans ce domaine ont vraiment pris de l’ampleur à l’arrivée d’Éric Weynant. En octobre 1976, il intègre le Groupe Cristallisation des Polymères dirigé par <a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">Jean-Marc Haudin</a> depuis les débuts du CEMEF en 1974. Éric Weynant fait partie de la première génération de doctorants recrutés à Sophia Antipolis. Il a été engagé au CEMEF pour travailler, en liaison avec CdF Chimie (Société Chimique des Charbonnages de France, aujourd’hui disparue), sur un contrat concernant le forgeage du polybutène.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_JMH_piece_proto.png" alt="Prix_JMH_piece_proto.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Prix JMH piece proto" />
<em>Exemple de pièce prototype en polybutène, réalisée par forgeage en matrice fermée. Le but était de montrer le bon remplissage des dents</em></p>
<p><strong>Le problème industriel était le suivant</strong> : le polybutène existe sous deux formes cristallines, et se transforme spontanément, en quelques jours, de la forme II en la forme I, ce qui le rend difficilement transformable par les procédés classiques de mise en œuvre impliquant fusion et recristallisation.</p>
<p><strong>Les travaux réalisés au CEMEF ont apporté les réponses suivantes</strong> : comme la transformation de la forme II en la forme I peut être induite par une déformation, une mise en forme à l’état solide fut envisagée, le changement de phase s’opérant alors lors du formage. Etaient combinés ainsi mise en forme et changement de structure. Après des essais préliminaires de forgeage libre, Eric et Jean-Marc se sont orientés vers la technique de forgeage en matrice fermée, qui permet d’obtenir plus commodément des pièces sans défauts. Les pièces forgées ne présentaient pas de retrait élastique et possédaient une stabilité dimensionnelle remarquable. Ce procédé de forgeage à partir de la phase II, original pour le polybutène, a été breveté. Il n’a malheureusement pas été développé industriellement.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Prix_JMH_microstructure.png" alt="Prix_JMH_microstructure.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Prix JMH microstructure" />
<em>Évolution de la microstructure dans une coupe réalisée sur une dent d’engrenage en polybutène. On passe d’une morphologie sphérolitique, de plus en plus déformée à une morphologie fibrillaire très orientée</em></p>
<p>Parallèlement à l’étude du forgeage, tournée vers l’application, des travaux plus fondamentaux ont été menés sur les aspects suivants :</p>
<ul>
<li>phénomènes de cristallisation et de changement de phase dans le polybutène en l’absence de toute sollicitation mécanique,</li>
<li>déformation plastique du polybutène dans des sollicitations mécaniques simples (traction, compression, cisaillement), en particulier étude in situ de la déformation des sphérolites.</li>
</ul>
<p>L’ensemble des résultats forme le contenu de la thèse de Doctorat d’Etat d’Éric Weynant, soutenue le 24 juin 1981, et de plusieurs articles.</p>
<p><strong>Retrouvez les articles suivants :</strong><br /></p>
<table style="border-spacing: 5px; border-collapse: separate; width:50%">
<tr>
<td valign="top" align="center" style="background-color: #efefef; padding: 5px; width:50%;"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/JMH_Carte_Etudiant_1974_vignette.jpg"><br /><a href="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/1975-premi%C3%A8re-th%C3%A8se-soutenue-au-CEMEF">1ère thèse du CEMEF</a></td>
<td valign="top" align="center" style="background-color: #efefef; padding: 5px; width:50%;"><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/JMH_vignette.jpg"><br /><a href="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">Le CEMEF vu par <br />Jean-Marc Haudin</a>, interview</td>
</tr>
</table>
<p><br /></p>1978 : le CEMEF embauche sa première “thésarde”urn:md5:31805b00ff49a9de82d77436a21da0fc2016-03-29T14:07:00+01:002016-06-24T13:42:38+01:00CemefGros planhistoiremétallurgiemétauxpremièrethèse<h2>Marie-Claire Estivalet intègre le CEMEF et devient la première doctorante du labo. C’était en 1978.</h2> <p><strong>Il y avait alors très peu de filles dans les écoles d’ingénieurs et encore moins dans l’industrie lourde, avec laquelle le CEMEF avait vocation à travailler et qui formait à la recherche ses futurs cadres. Embaucher Marie-Claire Estivalet pour travailler sur le laminage de l’acier en liaison avec la sidérurgie française n’était pas anodin dans ce contexte.</strong></p>
<p><strong>1982 : elle soutient sa thèse et devient la première femme à obtenir le titre de docteur au CEMEF.</strong></p>
<p><strong>Mais revenons à 1978 :</strong></p>
<p>Diplômée de l’INSA, Marie-Claire intègre le CEMEF pour faire une thèse de Docteur-Ingénieur en Propriétés Mécaniques des Matériaux, sous la direction de Jean-Loup Chenot au sein du Groupe Thermo-Mécanique et Plasticité (TMP). Elle travaillera sur la « Modélisation théorique et expérimentale de l’évolution géométrique des produits au cours du laminage à chaud ». Son projet s’inscrit clairement dans les grands axes définis par Pierre Baqué, Directeur à la création du CEMEF : <em>étudier la façon dont la matière s’écoule dans les procédés, en prenant en compte l’interaction avec les outils.</em></p>
<p>Il s’agira de développer une modélisation permettant de prédire la forme des produits laminés, en liaison avec deux problèmes industriels :</p>
<ul>
<li>en régime continu, l’élargissement du produit. Il peut être contenu par des cylindres verticaux appelés « edgers », mais le risque est alors de créer des surépaisseurs conduisant à un profil en os de chien, qu’il faut maîtriser pour éviter des défauts de fabrication ultérieurs ;</li>
<li>en régime transitoire, des repliements de matière aux extrémités du produit, lors de l’introduction entre les cylindres.</li>
</ul>
<p>Ces phénomènes affectant défavorablement la « mise au mille » (quantité de matière nécessaire à l’obtention de 1000 kg de produit final), en générant des chutes.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/Blog_MC_Estivalet_laminoir_Scala.bmp" alt="Blog_MC_Estivalet_laminoir_Scala.bmp" style="display:block; margin:0 auto;" title="BLaminoir Scala" /></p>
<p>Cette étude est représentative des travaux menées alors par le groupe. Elle combine :</p>
<ul>
<li>une simulation numérique, fondée sur la méthode de la borne supérieure, populaire à l’époque, mais peu employée pour prédire la forme finale des produits ;</li>
<li>une simulation physique dans laquelle les écoulements de métal chaud sont simulés à l’aide de pâte à modeler (plasticine). La visualisation des écoulements se fait en préparant des échantillons formés par l’empilement de couches de plasticine de différentes couleurs, qui sont laminés dans le laminoir pilote Scala du CEMEF (Cf. photo).</li>
</ul>
<p>Les résultats étaient soumis aux industriels, et comparés à la réalité physique, en vue d’arriver à optimiser les résultats sur les produits fabriqués.</p>
<p><strong>Embaucher Marie-Claire sur un sujet en relation étroite avec l’industrie lourde avait suscité à l’origine quelques interrogations quant à son insertion professionnelle future dans ce milieu. Ces craintes se sont révélées infondées. </strong></p>
<p>Après sa thèse, elle est entrée « tout naturellement » dans l’industrie métallurgique, où elle a effectué toute sa carrière. Toujours fidèle au laminage, elle a travaillé au début à l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française, Maizières-lès-Metz) au sein du Département LAMEF (Laminage et Mise en Forme). <br />
Après dix ans de R&D, elle a glissé vers les usines, et la métallurgie qualité, pour se retrouver… en R&D à nouveau. Aujourd’hui, Marie-Claire Estivalet dirige le centre de recherche et de développement de Gandrange d’Arcelor Mittal, spécialiste du développement de produits acier barres et fils. A ce titre, elle était interviewée en novembre dernier par le <a href="http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2015/11/18/une-passerelle-en-acier-imprimee-en-3d" hreflang="fr" title="Interview de Marie Claire Estivalet">Républicain Lorrain au sujet d’un projet futuriste, première mondiale</a> : la conception d’une passerelle d’acier par impression 3D. Le centre de Gandrange a deux ans pour montrer que son acier est adapté à cette nouvelle évolution technologique. Un défi qui ne peut que plaire à Marie-Claire.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/MC_Estivalet_Republicain_Lorrain.jpg" alt="MC_Estivalet_Republicain_Lorrain.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="MC_Estivalet_Republicain_Lorrain" /></p>
<p>Il nous reste à révéler l’anecdote pour la petite histoire : Marie-Claire, originaire du Jura, organisait des commandes groupées de Comté et autres excellentes spécialités jurassiennes pendant tout son séjour au CEMEF. Quand elle a quitté le labo pour la grande industrie, il a fallu trouver un remplaçant…</p>
<p>Marie-Claire quitte le CEMEF en septembre 1981 et soutient sa thèse le 30 avril 1982.</p>1975 : 1ère thèse soutenue au CEMEFurn:md5:439d8db01bf6e349617a1fb792b65cb42016-03-16T19:16:00+00:002016-06-24T13:43:08+01:00CemefGros planhistoiremétauxoriginespremièrethèse<h2>Lancement d’une nouvelle série de billets dans ce blog ! <br />
Quelles sont les grandes premières qu’a connues le CEMEF pendant ses quarante ans d’existence ?</h2>
<h2>Voici le premier billet de ce thème et quoi de plus normal que de le dédier à la première thèse soutenue au CEMEF.</h2>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.These_JMH_couverture_m.jpg" alt="These_JMH_couverture.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Thèse JMH couverture" /></p> <p><br />
<strong>Jean-Marc Haudin a été le premier à soutenir sa thèse dans le cadre du CEMEF.</strong>
<br /></p>
<p><strong>En bref :</strong></p>
<table style="border-spacing: 5px; border-collapse: separate;">
<tr>
<td style="background-color: #efefef; padding: 5px;">Date de soutenance</td>
<td style="background-color: #efefef; padding: 5px;">13 octobre 1975</td>
</tr>
<tr>
<td style="background-color: #fdfdfd; padding: 5px;">Lieu</td>
<td style="background-color: #fdfdfd; padding: 5px;">École de Chimie de Paris*</td>
</tr>
<tr>
<td style="background-color: #efefef; padding: 5px;">Délivrance</td>
<td style="background-color: #efefef; padding: 5px;">Doctorat d’État ès-Sciences Physiques de l’Université de Paris Sud (Orsay)**</td>
</tr>
<tr>
<td style="background-color: #fdfdfd; padding: 5px;">Titre</td>
<td style="background-color: #fdfdfd; padding: 5px;">Étude par microscopie et microdiffraction électroniques de la martensite et des phases précipitées (NiAl et phase R) au cours du revenu d’un acier inoxydable austéno-martensitique contenant de la ferrite δ (acier à 15% Cr, 7% Ni, 2% Mo, 1% Al de type Z8 CND 15). Conséquences sur les propriétés mécaniques.</td>
</tr>
</table>
<p><em>*La soutenance a lieu à l’École de Chimie de Paris pour répondre à la demande de son Président de jury, André Guinier.</em><br />
<em>**Les universités étaient à l’époque les seules habilitées à délivrer le doctorat d’état.</em></p>
<p><br />
Thèse dans le domaine de la Métallurgie Physique, et plus particulièrement de la structure des aciers inoxydables, elle démarre en octobre 1968 au sein du Centre de Recherches Métallurgiques de l’École des Mines de Paris qui deviendra Laboratoire de Métallurgie en 1972, et sera intégré au CEMEF à sa création en 1974.
<br /></p>
<p><a href="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/index.php/post/Les-d%C3%A9buts-du-CEMEF-racont%C3%A9s-par-Jean-Marc-Haudin-l-un-des-p%C3%A8res-fondateurs">» Les débuts du CEMEF sont racontés dans une interview de Jean-Marc Haudin sur ce blog</a>.
<br /></p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JMH_Carte_Etudiant_1974_m.jpg" alt="JMH_Carte_Etudiant_1974.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="JMH Carte Étudiant 1974" /></p>
<p>« <em>Comme beaucoup de Doctorats d’État à l’époque, il s’agissait d’une œuvre de longue haleine, dont la durée semble peu concevable de nos jours.</em> » constate Jean-Marc et de préciser : « <em>les deux dernières années ont été des “années blanches” car en 1973-74, j’effectue une année de service militaire en tant qu’affecté scientifique au Laboratoire de Métallurgie de la SNECMA (Corbeil) et en octobre 1974, je prends la responsabilité dans le tout nouveau CEMEF du groupe sur la Cristallisation des Polymères, domaine totalement nouveau pour moi ! Je dois quand même dire que les compétences acquises en Physique des Matériaux ont été précieuses pour aborder ce nouveau domaine et apporter un regard neuf sur le sujet.</em> »
<br /></p>
<p><strong>Contexte et objectif</strong></p>
<p>« <em>Comme je l’ai dit : le Doctorat d’État était par nature une œuvre académique. Mais la métallurgie ayant pour but de produire et d’étudier des matériaux réels, mon travail s’est inscrit dans un cadre industriel, celui des aciers inoxydables à hautes performances. Il a d’ailleurs reçu un soutien financier de l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française).</em> »</p>
<p>Pour répondre aux besoins sans cesse croissants de l’industrie aéronautique, les fabricants d’acier ont cherché à mettre au point des aciers inoxydables de mise en forme facile, soudables, et possédant des caractéristiques mécaniques élevées (en particulier, une haute limite élastique), qu’ils pourraient conserver jusqu’à environ 400 °C. Leurs recherches ont abouti à la création des aciers austéno-martensitiques à durcissement structural, dans lesquels on tire parti à la fois de la bonne ductilité de l’austénite et des caractéristiques mécaniques élevées de la martensite. Dans ce type d’acier, les opérations de mise en forme sont effectuées dans l’état austénitique, obtenu après un traitement d’hypertrempe. Le durcissement de l’alliage est ensuite réalisé au moyen des deux processus suivants : la transformation martensitique et la précipitation au sein de la martensite de phases finement dispersées.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/These_JMH_micrographie.png" alt="These_JMH_micrographie.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Micrographie électronique montrant en clair des lattes d'orientation voisine à l'intérieur d’un même bloc. La latte L a une orientation différente" />
<em>Les légendes des images sont affichées en les survolant à la souris.</em>
<br /></p>
<p>« <em>Le but de ma thèse était de préciser, à l’aide de la microscopie électronique en transmission (MET), les mécanismes de ce durcissement dans le cas d’un acier industriel de composition 15% Cr, 7% Ni, 2% Mo, 1% Al et 0,07% C. Elle a porté essentiellement sur les points suivants :</em></p>
<ul>
<li><em>l’étude de la microstructure de la phase martensitique,</em></li>
<li><em>la compréhension des mécanismes de précipitation, qui se produisent lors d’un traitement de vieillissement.</em> »</li>
</ul>
<p>Cette étude a conduit à une meilleure connaissance de la nature, de la morphologie et de la répartition des phases présentes dans un acier austéno-martensitique à durcissement structural après les différents traitements thermiques qu’il subit. Elle a permis de préciser l’influence de chaque constituant sur l’évolution des propriétés mécaniques.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/These_JMH_precipites.png" alt="These_JMH_precipites.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Image montrant la répartition des précipités NiAl (en blanc) à l'intérieur de la ferrite δ" /></p>
<hr>
<p><br /></p>
<p><strong>Résumé de la thèse</strong></p>
<p>Pour obtenir une transformation martensitique aussi complète que possible, on a eu recours à un traitement de déstabilisation de l’austénite, suivi d’un traitement de réfrigération. L’étude par MET de la microstructure de la martensite a permis de la décrire à différents niveaux :</p>
<ul>
<li><strong>la latte</strong>, élément de base, ayant en gros la forme d’un parallélépipède,</li>
<li><strong>le bloc</strong>, constitué par l’accolement de lattes parallèles, ayant la même orientation à quelques degrés près,</li>
<li><strong>le paquet</strong>, réunion de blocs voisins, entre lesquels existent des relations d’orientation bien définies, le plan d’accolement entre blocs étant parallèle au plan d’accolement entre lattes.</li>
</ul>
<p>Ces observations ont permis de préciser le mécanisme de la transformation martensitique.<br />
Le durcissement de la martensite, ainsi que de la ferrite δ initialement présente (environ 25% en volume), a été réalisé grâce à un traitement de vieillissement à 500, 550 ou 600 °C. Les phénomènes suivants ont été mis en évidence :</p>
<ul>
<li><strong>La précipitation de phases durcissantes</strong><br /></li>
</ul>
<p>- <em>précipitation du composé intermétallique NiAl</em>, sous la forme de particules sphériques et cohérentes, uniformément réparties dans les phases martensitique et ferritique. Le durcissement optimal par ce précipité correspond à une valeur de 1370 MPa de la limite élastique.<br />
- <em>précipitation dans la ferrite δ de la phase R</em>, formée de fer, chrome et molybdène, qui n’avait jamais été identifiée dans ce type d’acier. La phase R précipite d’abord sur les dislocations : c’est le phénomène de « décoration » des dislocations. On a mis au point un critère permettant d’identifier la décoration sur les images de MET : les dislocations décorées présentent des images dédoublées et élargies. Les contrastes observés ont été interprétés à l’aide d’un modèle théorique, qui a permis de simuler sur ordinateur les images de dislocations décorées.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/These_JMH_dislocations.png" alt="These_JMH_dislocations.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Images caractéristiques de dislocations décorées" /></p>
<p>Pour des vieillissements prolongés, la précipitation évolue vers un faciès en lamelles et en plaquettes, présentant des relations d’orientation avec la matrice ferritique.<br />
La précipitation de la phase R est responsable d’un second maximum sur la courbe d’évolution de la limite élastique en fonction du temps de vieillissement à 500 °C. Ce maximum est associé à la présence de précipités petits et cohérents, mise en évidence par des dédoublements des images des dislocations.</p>
<ul>
<li><strong>La réversion de la martensite en austénite</strong></li>
</ul>
<p>Aux températures considérées commence également la réversion de la martensite en austénite. Peu importante à 500 °C, ce phénomène prend une certaine ampleur à 550 et surtout à 600 °C. Les plages d’austénite de réversion sont stables à la température ambiante et ont des relations d’orientation avec la martensite vieillie. Le composé NiAl est remis en solution dans l’austénite. D’autre part, le carbure M23C6 précipite aux interfaces entre martensite et austénite de réversion.<br />
La réversion est responsable, avec la coalescence des précipités NiAl, de la diminution des caractéristiques mécaniques constatée lors d’un survieillissement. Elle entraîne en outre une augmentation de la ductilité, surtout dans le cas d’un vieillissement à 600 °C.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.These_JMH_dislocation-precipite_m.png" alt="These_JMH_dislocation-precipite.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Image d'une dislocation décorée par un précipité cylindrique, simulée sur ordinateur. À l'époque, les niveaux de gris étaient obtenus par la superposition de différentes lettres à l'impression." /><br /></p>Il a neigé sur yesterday...urn:md5:62196634f44208c2c3ecdc5b7d888a192016-02-29T12:00:00+00:002016-04-13T12:32:46+01:00CemefExposons-noushistoireinsoliteneigephotographiesSophia Antipolis <p>La neige ne fait pas partie de notre univers au quotidien. À Sophia Antipolis, c’est un événement. Voici le dernier en date.</p>
<h2>C’était le 11 février 2010… et c’était comme cela :</h2>
<!--DEBUT DE LA GALERIE-->
<div id="galleriagroup1071497330">
<ul class="galleryinsert" style="padding-left:0px">
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef1.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef1b.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef2.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef3.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef4.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef4b.png" alt="" title=""/></li>
<li><img src="http://cemef40ans.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/neige_cemef5.png" alt="" title=""/></li>
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<!--FIN DE LA GALERIE-->
<br/>
Les débuts du CEMEF racontés par Jean-Marc Haudin, l'un des pères fondateursurn:md5:c1ea0c8f484b9aea42a8d049b2cc3efe2016-02-15T08:00:00+00:002016-04-13T12:33:04+01:00CemefGros planhistoireintervieworiginespolymères<h2>Jean-Marc Haudin a connu le CEMEF avant sa création. Il raconte dans cet interview réalisé début janvier 2016 comment il a vécu de l’intérieur la genèse et l’aventure du CEMEF. Partons aux origines !<br /></h2>
<p><em>Survolez les images pour afficher leur légende.</em></p>
<h2>Flashback</h2>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JMH___MYP___co_s.jpg" alt="JMH___MYP___co.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="De gauche à droite G. Frade, M.Y. Perrin et J.M. Haudin " /></p>
<p>En 1968, Jean-Marc Haudin obtient son diplôme d’Ingénieur Civil de l’École des Mines de Paris. Il intègre le Centre de Recherches Métallurgiques (CRM) de l’école, dirigé par Paul Lacombe, métallurgiste de renom. En 1972, ce dernier abandonne ses fonctions en raison d’un cumul important de ses activités. Et le CRM devient le Laboratoire de Métallurgie, sous la direction de Gilbert Frade.</p>
<p>Déjà Maître-Assistant à l’école, il effectue en 1973-74 une année de service militaire en tant que sous-lieutenant affecté scientifique au Laboratoire de Métallurgie de la SNECMA (Corbeil).</p>
<p>C’est une période de réorganisation de la recherche en Matériaux à l’École des Mines de Paris. Tout début des années 1970, un groupe en Mise en Forme des Métaux (Responsable Pierre Baqué) et un groupe Polymères (Responsable Pierre Avenas) sont créés, tous deux hébergés dans les locaux de l’ENSTA. La Direction de l’École des Mines de Paris a le projet de les regrouper avec le Laboratoire de Métallurgie, pour constituer un nouveau Centre de Recherche dédié à la Mise en Forme des Matériaux. Dans ce contexte, Jean-Marc Haudin est contacté par Pierre Baqué et Pierre Avenas. Leur projet : créer deux groupes sur le comportement interne de la matière, l’un sur les métaux, l’autre sur les polymères. Il s’agit en fait d’entretiens d’embauche. Jean Marc rédige alors une thèse en métallurgie tout en travaillant au labo de métallurgie de la SNECMA. Contre toute attente, ils lui proposent de monter le groupe en polymères. Plus précisément d’« animer un groupe chargé des problèmes structuraux concernant notamment la cristallisation des polymères » (le groupe « métaux » sera sous la responsabilité de son ami Frank Montheillet).</p> <p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.cemef_old_s.png" alt="cemef_old.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p><em>C’est un sacré challenge à 28 ans ! Et je l’accepte.</em></p>
<p>Le CEMEF est officiellement créé le 1er octobre 1974. Jean-Marc démarre son groupe avec 4 chercheurs plus l’aide d’un technicien en Microscopie Électronique en Transmission (MET) qui fera toute sa carrière au CEMEF, Michel-Yves Perrin, et d’un technicien en rayons X, Daniel Pachoutinsky, qui accompagnera le CEMEF quelques années, puis intègrera le Centre des Matériaux.</p>
<p><strong>Le 2 octobre 1974, est organisée la réunion de constitution du CEMEF. Pierre Baqué, qui en devient le directeur, présente sa vision, très claire dès le début, avec trois axes :</strong></p>
<ol>
<li><strong>la façon dont la matière s’écoule,</strong></li>
<li><strong>l’interaction avec les outils,</strong></li>
<li><strong>le comportement interne de la matière.</strong></li>
</ol>
<p>Dans le cas des polymères, cela correspondait à des voies qui n’existaient pas encore en France :</p>
<ul>
<li>appliquer la Mécanique des Milieux Continus à l’étude de la thermomécanique des procédés de mise en forme. Cet aspect est d’abord piloté par Pierre Avenas lui-même, puis pris en charge par Jean-François Agassant.</li>
<li>appliquer les concepts et les méthodes de la Métallurgie Physique à l’étude des relations mise en forme-structure-propriétés dans les polymères semi-cristallins. C’est la mission du groupe de Jean-Marc Haudin.</li>
</ul>
<p><em>C’était très original à l’époque et innovant, le domaine des polymères en France étant aux mains des chimistes et des physico-chimistes.</em></p>
<p>À sa création, en 1974, le centre est éclaté géographiquement entre les locaux de l’École des Mines de Paris (Bd Saint Michel) et ceux de l’ENSTA (Bd Victor). Les équipes ont des passés et des « folklores » différents. Les personnels situés à l’École des Mines sont parfois tiraillés entre leurs missions nouvelles et des tâches d’enseignement héritées du passé. L’avantage de Sophia Antipolis sera de rassembler toutes les équipes dans un lieu unique. Mais nous n’en sommes pas encore là.</p>
<p>Comme le dit Jean-Marc, <em>à l’école, on entendait parler du projet de technopole sur Sophia Antipolis depuis le milieu des années 60, de façon un peu sarcastique ou humoristique</em>. Puis le projet a pris corps, mais rien n’était clair sur qui déménagerait. Jean-Marc en rit, il raconte : <em>j’ai appris que le CEMEF irait s’installer là-bas par une fuite. C’est un collègue qui, croisant Frank Montheillet dans la rue, lui lance « Alors il paraît que vous partez à Sophia Antipolis »</em>. L’information sera confirmée par Pierre Baqué et les réunions collectives commenceront.</p>
<p>Toutes les machines dont disposait le CEMEF à Paris feront le déménagement. La machine de torsion actuelle a encore le squelette des débuts parisiens. Les équipes descendent et s’installent dans les nouveaux locaux en octobre 1976. L’espace comprend un bâtiment classique pour les bureaux et les manips simples et une halle d’essais. A l’arrivée, l’électricité dans les bâtiments n’est pas terminée, les finitions non plus. Le microscope électronique doit être entreposé quelque temps dans un parking souterrain de l’autre côté de la rue. Les générateurs de rayons X sont posés sur le sol et on met le carrelage autour. La dalle de béton de la halle d’essais est cassée plusieurs fois pour non-conformité. <em>On avait vraiment l’impression d’être des pionniers</em>. Tout était à faire. Pierre Avenas avait pris la tête du labo, Pierre Baqué ayant décidé de ne pas venir dans le sud. Il a géré avec enthousiasme cette arrivée dans la terre promise.</p>
<h4>Son aventure CEMEF</h4>
<p>En 1974, il démarre son groupe polymère, monte des projets de recherche avec l’industrie, sous les bons auspices de Pierre Avenas, qui supervise les activités Polymères.</p>
<p>En 1975, la toute fraîche équipe de Jean-Marc organise son premier séminaire industriel sur la Cristallisation des Polymères. C’est la logique du centre à ses débuts, offrir des séminaires de formation continue d’une semaine à l’industrie sur des sujets pointus. Jean-Marc en convient, <em>c’était très fédérateur, tout le monde était impliqué</em>. Pierre Baqué avait lancé des cours d’expression orale pour apprendre aux chercheurs à être bons dans leurs présentations. En 1979, c’est le début d’une nouvelle ère, avec le départ de Pierre Avenas au Ministère de l’Industrie.</p>
<p>La décennie 1980-90 est son âge d’or de recherche. <em>J’avais une bonne équipe qui faisait du bon boulot, de bonnes publications sur des thématiques nouvelles</em> :</p>
<ul>
<li>cinétique de croissance des polymères,</li>
<li>modélisation de la cristallisation dans des films minces,</li>
<li>développement de matériaux à base de cellulose qui a le vent en poupe aujourd’hui,</li>
<li>forgeage des polymères, <em>c’était une niche, l’idée était de réaliser des pièces, par exemple des prothèses de hanche, avec ce procédé très classique côté métaux mais beaucoup moins en polymères, le CEMEF a eu plusieurs contrats, thèses ou brevets sur le sujet</em>.</li>
</ul>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.spherolite_m.jpg" alt="spherolite.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Sphérolites de polypropylène" /></p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/cellulose.bmp" alt="cellulose.bmp" style="display:block; margin:0 auto;" title="Gonflement de la cellulose (travaux du groupe de Patrick Navard, CEMEF) " /></p>
<p>Il en retient ceci <em><q>on ne s’en rendait pas compte à l’époque parce que nous étions jeunes et innocents, mais maintenant avec le recul, je réalise que l’on a fait des trucs vraiment bien à un bon niveau international</q></em>.</p>
<p>Ensuite, il s’investira beaucoup plus dans les activités d’enseignement. En 1987, c’est une nouvelle aventure, sous l’impulsion de Jean-Loup Chenot, nommé directeur du CEMEF en 1979, avec la création du Mastère Spécialisé Matériaux et Mise en Forme (MATMEF) dont il prend la responsabilité.</p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.photo1ere_promo_MATMEF_m.jpg" alt="photo1ere_promo_MATMEF.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Remise de diplômes de la 1ère promotion du Mastère Spécialisé MATMEF en 1987." /></p>
<p><img src="http://www-new.cemef.mines-paristech.fr/blog/public/visuels_billets/.JMH_pinede_octobre_2013_s.jpg" alt="JMH_pinede_octobre_2013.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p><strong>Sa conclusion tient en une phrase :</strong></p>
<p><em>La culture CEMEF a vraiment pris corps à Sophia Antipolis, avec un esprit pluridisciplinaire animant les jeunes chercheurs que nous étions, reprenant à notre compte la fertilisation croisée tant mise en avant par Pierre Laffitte.</em></p>
<p><em>Cette culture et cette force sont toujours présentes dans la dynamique de centre aujourd’hui.</em></p>